Comment les poissons voient-ils dans le noir ?

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Certains poissons, grâce à la vitamine A2, sont capables de voir dans le proche infrarouge en utilisant leurs cellules coniques sensibles à la lumière rouge. Cette faculté leur permet de distinguer des couleurs invisibles à lœil humain, notamment dans des conditions de faible luminosité.
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Voir l’invisible : la vision infrarouge des poissons et le secret de la vitamine A2

L’obscurité des profondeurs océaniques, longtemps perçue comme un monde sans couleur, abrite en réalité un spectacle lumineux invisible à nos yeux. Certains poissons, véritables maîtres de l’adaptation, ont développé la capacité de percevoir la lumière infrarouge proche, leur offrant un avantage crucial dans la chasse, la communication et la survie. Le secret de cette vision surnaturelle réside dans une molécule bien connue : la vitamine A2.

Si la plupart des vertébrés utilisent la vitamine A1 pour la vision, certaines espèces de poissons ont évolué pour utiliser une variante, la vitamine A2. Cette subtile différence moléculaire a des conséquences profondes sur la perception visuelle. La vitamine A2 décale le spectre d’absorption des pigments visuels, notamment ceux contenus dans les cônes, les cellules responsables de la vision des couleurs. Ces cônes “modifiés” deviennent sensibles à des longueurs d’onde plus élevées, pénétrant dans le domaine du proche infrarouge, invisible pour l’œil humain qui repose principalement sur la vitamine A1.

Imaginez un monde baigné d’une lumière rouge sombre, imperceptible pour nous, mais illuminant le paysage pour ces poissons. Cette adaptation leur permet de discerner des contrastes et des détails dans des environnements où la lumière visible est rare ou filtrée par l’eau. Par exemple, dans les eaux turbides ou à de grandes profondeurs, la lumière rouge est moins diffusée que la lumière bleue, offrant une meilleure visibilité.

L’avantage de cette vision infrarouge est multiple. Elle permet aux poissons de repérer des proies camouflées, dont la signature thermique émet dans l’infrarouge. Elle facilite également la communication intraspécifique, en utilisant des signaux lumineux invisibles pour les prédateurs. Enfin, cette capacité améliore l’orientation dans des environnements complexes, où la vision traditionnelle est limitée.

L’étude de la vision infrarouge chez les poissons ouvre des perspectives fascinantes pour la recherche. Comprendre les mécanismes moléculaires précis de cette adaptation pourrait inspirer le développement de nouvelles technologies d’imagerie, notamment dans le domaine médical ou militaire. De plus, l’exploration de la diversité des systèmes visuels chez les poissons nous éclaire sur les incroyables capacités d’adaptation du vivant et sur la complexité des interactions entre les organismes et leur environnement. L’océan, loin d’être un monde obscur et silencieux, regorge de secrets lumineux, accessibles seulement à ceux qui savent les voir.