Pourquoi est-ce que je dis toujours le mauvais mot quand je parle ?

Le Mot sur la Pointe de la Langue : Pourquoi Choisissons-nous le Mauvais Mot ?

Nous l’avons tous vécu : la conversation coule, puis soudain, le mot nous échappe. On le sent sur le bout de la langue, une sensation frustrante d’inaccessibilité lexicale. On remplace alors le mot visé par un synonyme approximatif, un mot absurde, ou on s’embrouille dans des descriptions alambiquées. Ce phénomène, plus commun qu’on ne le croit, n’est pas forcément le signe d’une pathologie grave, mais il mérite d’être exploré.

L’incapacité à retrouver le mot juste, médicalement nommée anomie ou aphasie anomique, peut, dans certains cas, être symptomatique de lésions cérébrales (suite à un accident vasculaire cérébral, une tumeur ou un traumatisme crânien) ou de maladies neurodégénératives comme la maladie d’Alzheimer. Dans ces situations, il s’agit d’un symptôme nécessitant une consultation médicale.

Cependant, la plupart du temps, l’oubli de mots est un phénomène bénin, influencé par une multitude de facteurs, souvent interdépendants :

• Le stress et l’anxiété: Lorsque nous sommes stressés, notre cerveau a plus de mal à accéder à ses ressources cognitives, y compris le vocabulaire. La pression sociale ou une situation inconfortable peuvent amplifier ce phénomène. Le “trou de mémoire” devient alors une manifestation physique de l’anxiété.

• La fatigue: Un manque de sommeil ou une fatigue générale affectent nos capacités cognitives, rendant la recherche du mot juste plus ardue. Le cerveau fatigué fonctionne moins efficacement, ralentissant l’accès à son lexique.

• Le multitâche: Notre cerveau n’est pas conçu pour gérer efficacement plusieurs tâches simultanément. Lorsque nous essayons de parler tout en faisant autre chose, notre concentration diminue, augmentant les risques de “faux-pas” lexicaux.

• L’âge: Avec l’âge, il est normal d’observer un léger ralentissement des fonctions cognitives, incluant la vitesse de traitement de l’information et l’accès au vocabulaire. Cependant, cela ne signifie pas forcément une détérioration importante des capacités linguistiques.

• Le manque de pratique: Un vocabulaire peu enrichi ou un manque d’usage régulier d’un mot spécifique peut rendre sa récupération plus difficile. La fréquence d’utilisation d’un mot influence directement sa disponibilité en mémoire.

• L’environnement linguistique: Un environnement bruyant ou une conversation rapide peuvent perturber la fluidité du langage et rendre plus difficile l’accès aux mots.

Il est important de noter que si la difficulté à retrouver des mots devient fréquente, persistante et s’accompagne d’autres troubles du langage (difficultés de compréhension, troubles de l’élocution), il est crucial de consulter un professionnel de santé. Dans la plupart des cas cependant, ces “lapsus linguistiques” sont des phénomènes anodins, révélateurs de notre fonctionnement cérébral et non d’une pathologie sous-jacente. Prendre soin de sa santé mentale et physique, en gérant son stress, en dormant suffisamment et en stimulant son intellect, est la meilleure manière de préserver la fluidité de son expression verbale.