Quand autre prend un s ?

Le mystère du “s” à “autres” : quand le pluriel se fait discret

L’Académie française définit “part” comme une portion d’un ensemble divisé entre plusieurs personnes. “Autre”, quant à lui, désigne ce qui est différent de ce qui a été mentionné précédemment. Mais une subtilité grammaticale se cache derrière ce mot : quand “autre” prend-il un “s” ? La réponse, bien que simple en apparence, mérite d’être explorée pour en saisir toutes les nuances.

“Autre” reste invariable lorsqu’il est adjectif et placé directement devant un nom. On dira par exemple : “Il a d’autres projets”. Ici, “autres” qualifie directement “projets”. On observe la même chose dans des expressions comme “toute autre personne” ou “quelque autre endroit”. Le mot “autre” s’accorde avec le nom qu’il qualifie, mais reste au singulier s’il est suivi d’un déterminant (un, une, des, etc.).

La subtilité apparaît lorsque “autre” est employé comme pronom. Dans ce cas, il peut prendre la marque du pluriel. On dira : “Les uns préfèrent ceci, les autres préfèrent cela”. Ici, “les autres” remplace un groupe de personnes, implicitement mentionné dans la première partie de la phrase. Le “s” marque le pluriel de ce groupe. On retrouve cette logique dans “Certains sont partis, d’autres sont restés”. “D’autres” représente ici un ensemble pluriel distinct du premier.

Il existe cependant une exception notable. Après “un”, “quelque”, “chaque”, “nul” et les nombres cardinaux, “autre” reste invariable. On dira : “Un autre viendra”, “Chaque autre jour”, “Nul autre ne le savait”. L’idée de singularité exprimée par ces termes empêche le passage au pluriel de “autre”.

En résumé, la présence du “s” à la fin de “autre” dépend de sa fonction grammaticale. S’il est adjectif directement suivi d’un nom, il reste invariable. S’il est pronom et représente un groupe pluriel, il prend un “s”. Enfin, après certains termes exprimant la singularité, il reste invariable, même au pluriel.

Maîtriser cette règle, c’est non seulement éviter les fautes d’orthographe, mais aussi affiner sa compréhension de la langue française et de ses subtilités. C’est apprécier la richesse d’un vocabulaire qui, par de petites variations, permet d’exprimer des nuances de sens importantes.