Pourquoi est-ce que je pleure seulement devant les films ?

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Locytocine, hormone de lempathie, pourrait expliquer les larmes devant les films. Selon le professeur Paul Zak, sa libération lors dinteractions sociales, favorisant la compassion, serait stimulée par les récits cinématographiques. Ce processus hormonal intensifierait notre connexion émotionnelle aux personnages.

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Pourquoi les films nous arrachent-ils des larmes ? Décryptage d’une sensibilité écran

Il est une expérience commune, partagée par beaucoup : celle de se retrouver les yeux rougis, la gorge serrée, devant le dénouement tragique d’un film, la réunion émouvante de personnages séparés, ou même face à une scène simplement belle et porteuse d’espoir. Mais pourquoi cette réaction, parfois intense, alors qu’il s’agit d’une simple fiction ? Pourquoi pleurons-nous devant les films, et peut-être moins souvent dans la vie réelle face à des situations similaires ? Si la réponse est complexe et multifactorielle, l’ocytocine, cette fameuse “hormone de l’empathie”, pourrait bien détenir une partie de la clé.

Bien plus qu’un simple divertissement, le cinéma est une machine à émouvoir. Sa capacité à nous plonger dans des univers différents, à nous faire vivre des émotions par procuration, est au cœur de son pouvoir. Les réalisateurs, les scénaristes, les acteurs, tous contribuent à tisser une toile d’événements, de dialogues et d’images qui stimulent notre imagination et touchent notre sensibilité.

Le professeur Paul Zak, chercheur en neuroéconomie, a exploré le rôle crucial de l’ocytocine dans ce processus. Selon lui, cette hormone, naturellement libérée lors d’interactions sociales, joue un rôle fondamental dans la construction de l’empathie et de la confiance. Elle favorise le lien social, la compassion et l’altruisme. Or, Zak suggère que les films, avec leurs récits captivants et leurs personnages attachants, peuvent stimuler la libération d’ocytocine de manière similaire à une interaction réelle.

Comment les films activent-ils notre circuit émotionnel ?

Plusieurs éléments concourent à cette activation :

  • L’identification aux personnages : Le cinéma nous offre la possibilité de nous identifier aux protagonistes, de ressentir leurs joies, leurs peines, leurs espoirs et leurs craintes. Cette identification crée un lien émotionnel fort qui nous rend plus réceptifs à leurs expériences.
  • La narration immersive : Un bon film sait nous transporter dans son univers, nous faire oublier la réalité extérieure. L’attention est focalisée sur l’écran, les émotions sont amplifiées.
  • La musique et les images : La musique, souvent utilisée de manière stratégique, accentue l’impact émotionnel des scènes. De même, les images, les jeux de lumière et les effets spéciaux peuvent contribuer à créer une atmosphère propice à l’émotion.
  • L’anticipation et la catharsis : Le cinéma joue souvent sur l’anticipation, nous laissant deviner le dénouement d’une histoire, augmentant ainsi notre tension émotionnelle. Le moment de la “catharsis”, c’est-à-dire la libération émotionnelle, est alors d’autant plus intense.

Pourquoi pleurer devant un film et pas dans la “vraie vie” ?

Si l’ocytocine joue un rôle dans l’activation de notre empathie face aux films, il existe d’autres facteurs à considérer. Dans la “vraie vie”, nous sommes souvent confrontés à des situations complexes, à des enjeux personnels, qui peuvent inhiber notre expression émotionnelle. Nous sommes également conscients du jugement des autres et pouvons nous retenir de pleurer par pudeur ou par peur de paraître vulnérable.

Devant un film, nous bénéficions d’une forme de distance protectrice. Nous savons qu’il s’agit d’une fiction, ce qui nous permet de nous laisser aller plus facilement à nos émotions. Il y a une forme de sécurité émotionnelle. De plus, l’environnement du cinéma (obscurité, anonymat) favorise l’expression des émotions.

En conclusion, les larmes versées devant un film ne sont pas un signe de faiblesse, mais plutôt une preuve de notre capacité à ressentir de l’empathie et à nous connecter émotionnellement aux autres, même de manière fictive. L’ocytocine, en stimulant notre compassion, joue un rôle important dans ce processus, mais d’autres facteurs, tels que l’identification, la narration immersive et le contexte, contribuent également à faire du cinéma une expérience émotionnelle puissante et, parfois, bouleversante. Alors, la prochaine fois que vous sentirez les larmes monter devant un film, n’ayez pas honte : laissez simplement l’émotion vous envahir et profitez de ce moment de catharsis. C’est peut-être ça, la magie du cinéma.