Comment nourrir une personne qui ne peut plus avaler ?

Nourrir une personne ayant des difficultés de déglutition : un guide pratique pour une alimentation sécurisée et agréable

L’alimentation est un besoin fondamental, mais elle peut devenir un défi conséquent pour les personnes souffrant de dysphagie, c’est-à-dire de difficultés à avaler. Qu’elle soit due à l’âge, à une pathologie neurologique, à une intervention chirurgicale ou à d’autres causes, la dysphagie nécessite une attention particulière pour garantir une nutrition adéquate et éviter les complications graves comme la fausse route. Cet article a pour but de vous guider dans l’alimentation d’une personne qui ne peut plus avaler normalement, en privilégiant la sécurité, le plaisir et l’apport nutritionnel.

Comprendre les enjeux de la dysphagie:

La dysphagie ne se limite pas à une simple difficulté à avaler. Elle peut entraîner :

• Malnutrition et déshydratation: En raison de la difficulté à ingérer suffisamment de nourriture et de liquides.
• Fausse route (aspiration): Lorsque les aliments ou les liquides passent dans les voies respiratoires au lieu de l’œsophage, augmentant le risque de pneumonie.
• Perte de poids: Due à une diminution de l’apport calorique.
• Impact psychologique: Isolement social, perte de plaisir lié à l’alimentation, anxiété.

Principes clés pour une alimentation adaptée:

La clé d’une alimentation réussie réside dans l’adaptation des textures, de la consistance et du volume des aliments, ainsi que dans la création d’un environnement serein et stimulant.

1. Adapter la texture des aliments:

   • Aliments lisses et homogènes: Privilégiez les purées, crèmes, mousses, yaourts lisses, compotes sans morceaux, et les aliments mixés à texture onctueuse.
   • Éviter les aliments à double texture: Bannissez les soupes avec des morceaux flottants, les yaourts avec des fruits entiers, les aliments fibreux ou collants (pain frais, riz gluant).
   • Texture modifiée: Si les aliments mixés ne suffisent pas, vous pouvez utiliser des épaississants alimentaires pour obtenir la consistance souhaitée (nectar, miel, pudding). Ces épaississants sont disponibles en pharmacie et sont généralement à base d’amidon.

2. Choisir les bons aliments:

   • Légumes cuits et mixés: Carottes, courgettes, potiron, haricots verts, lentilles, dahl de pois… Cuits à la vapeur et mixés, ils apportent vitamines et fibres.
   • Fruits cuits et mixés: Pommes, poires, pêches… Privilégiez les compotes sans sucre ajouté.
   • Protéines :
     • Viandes et poissons : Choisir des viandes tendres (poulet, dinde, poisson blanc) cuits à la vapeur ou pochés, puis finement hachés ou mixés. On peut aussi envisager des protéines d’origine végétale comme le tofu soyeux mixé.
     • Oeufs : Préparés en omelette bien cuite puis mixée ou en crème dessert.
   • Féculents : Purée de pommes de terre (sans morceaux), polenta crémeuse, semoule fine, crèmes de riz.

3. L’hydratation : un impératif

   La déshydratation est un risque majeur en cas de dysphagie. Proposez régulièrement des liquides épaissis (eau, jus de fruits, bouillons, thés légers) à l’aide d’épaississants si nécessaire. Vous pouvez également ajouter de la gélatine neutre à l’eau pour lui donner une texture gélifiée plus facile à avaler.

4. Conseils pour une alimentation sereine:

   • Position confortable: Asseoir la personne droite, avec la tête légèrement penchée en avant pour faciliter la déglutition.
   • Petites quantités: Proposer de petites cuillères de nourriture, en laissant le temps à la personne d’avaler entre chaque bouchée.
   • Calme et patience: Éviter les distractions et créer une ambiance détendue.
   • Respecter le rythme de la personne: Ne pas forcer.
   • Hygiène bucco-dentaire: Maintenir une bonne hygiène buccale pour éviter les infections et stimuler l’appétit.
   • Stimuler l’appétit: Présenter les aliments de manière appétissante, en jouant sur les couleurs et les odeurs. On peut même ajouter des épices douces (cannelle, vanille, gingembre) pour réhausser le goût.

5. Surveillance et suivi médical:

   Il est essentiel de consulter un médecin ou un orthophoniste pour évaluer la dysphagie et établir un plan de traitement personnalisé. Une évaluation régulière permettra d’adapter l’alimentation en fonction de l’évolution de la personne. Un suivi diététique peut également être bénéfique pour s’assurer que les besoins nutritionnels sont satisfaits.

En conclusion:

Nourrir une personne atteinte de dysphagie demande de la patience, de l’adaptation et de la créativité. En suivant ces conseils et en travaillant en étroite collaboration avec les professionnels de santé, il est possible de garantir une alimentation sûre, agréable et nutritionnellement adaptée, améliorant ainsi la qualité de vie de la personne concernée. Rappelez-vous que l’alimentation ne se résume pas à un simple besoin physiologique, mais aussi à un moment de partage et de plaisir, qu’il est important de préserver autant que possible.