Pourquoi traite-t-on quelqu'un de morue ?

D’où vient l’expression “être une morue” ? Une histoire d’halles et de femmes d’affaires !

L’expression “être une morue”, souvent utilisée pour qualifier une personne maladroite ou peu intelligente, trouve ses origines dans un contexte bien précis : celui des Halles de Paris au XIXème siècle.

À cette époque, les Halles étaient un véritable centre névralgique de la capitale, un lieu grouillant de vie et d’activité. Les marchandes, femmes d’affaires aguerries et redoutables négociatrices, régnaient sur leurs étals et savaient manier l’art de la vente avec maestrie.

Mais parmi ces femmes de poigne, certaines, les plus avides de profit, n’hésitaient pas à proposer des prix dérisoires, sacrifiant la qualité de leurs produits pour attirer les clients. Ces “morues”, comme on les appelait alors, étaient le symbole même de l’avidité et de la cupidité.

Le terme “morue” faisait ainsi référence à un poisson bon marché, souvent considéré comme de qualité inférieure. En appliquant cette appellation aux marchandes les plus gourmandes, les autres femmes des Halles stigmatisaient leur comportement avare et opportuniste.

L’expression “baptisé(e) de l’eau de morue” qui s’est répandue ensuite, symbolise le destin de ces femmes. L’eau de morue, connue pour son goût désagréable, était considérée comme un remède “de pauvre” et était souvent associée à la malchance.

Ainsi, “être une morue” et “être baptisé(e) de l’eau de morue” étaient des expressions empreintes de mépris et de dérision, utilisées pour qualifier des personnes perçues comme maladroites, malchanceuses et incapables de réussir.

Si aujourd’hui, l’expression “être une morue” est souvent utilisée avec humour, elle n’en demeure pas moins un vestige d’une époque où le monde des affaires était dominé par les femmes et où le terme “morue” était utilisé pour qualifier les plus avides et les moins scrupuleuses d’entre elles.