Qu'est-ce qui est défini comme un employé ?

Au-delà du bureau : Repenser la définition de l’employé à l’ère des cols blancs hybrides

La définition traditionnelle de l’employé, souvent associée à un travail intellectuel dans un secteur non productif, sous l’autorité d’un employeur, mérite d’être réexaminée à la lumière des transformations profondes du monde du travail. L’idée d’un employé cantonné aux tâches administratives et commerciales, opposé à l’ouvrier manuel, apparaît aujourd’hui limitée et insuffisamment nuancée.

Historiquement, cette distinction reflétait une organisation sociale et économique marquée par une forte division du travail. L’employé, exerçant des fonctions de gestion, de coordination ou de service, se distinguait de l’ouvrier impliqué directement dans la production de biens matériels. Cette dichotomie s’accompagnait souvent d’une hiérarchisation sociale et d’une différence de statut.

Cependant, plusieurs facteurs contribuent à brouiller les frontières de cette définition classique. L’automatisation croissante des tâches, y compris dans le secteur productif, nécessite des compétences en gestion de systèmes, en analyse de données et en programmation, traditionnellement associées aux “employés”. De même, l’émergence de l’économie de la connaissance valorise des compétences intellectuelles dans tous les secteurs, rendant la distinction entre travail manuel et intellectuel plus poreuse.

L’essor du travail à distance et des modes de travail hybrides complexifie davantage la notion d’employé. La présence physique au bureau, autrefois constitutive de la relation employeur-employé, n’est plus systématique. L’autonomie et la responsabilisation accrues des travailleurs interrogent la notion traditionnelle de subordination et d’autorité. Comment définir l’employé lorsque le contrôle direct cède la place à une évaluation basée sur les résultats ?

Par ailleurs, l’émergence de nouvelles formes d’emploi, comme le portage salarial ou le freelancing, brouille les lignes entre salariat et indépendanat. Ces travailleurs, bien qu’intellectuels et exerçant dans des secteurs non productifs, ne s’inscrivent pas nécessairement dans le cadre classique de la relation employeur-employé.

En conclusion, la définition de l’employé ne peut plus se limiter à une simple opposition au travail manuel ou à un rattachement exclusif aux secteurs administratifs et commerciaux. Elle doit intégrer les évolutions du monde du travail, en prenant en compte la diversité des situations, l’importance des compétences et la complexité des relations professionnelles. L’employé de demain sera peut-être défini avant tout par sa contribution à la création de valeur, quel que soit le secteur d’activité et la modalité d’exercice de son travail.