Est-ce que le Kiri est du fromage ?

Le Kiri : un fromage ou une imposture fromagère ? Décryptage d’une icône de l’enfance.

Le Kiri, cette petite boîte ronde et orange vif, évoque instantanément des souvenirs d’enfance pour plusieurs générations. Mais au-delà de la nostalgie, une question persiste : le Kiri est-il véritablement un fromage ? La réponse, comme souvent, est nuancée.

Apparu en 1966 à Sablé-sur-Sarthe, le Kiri n’est pas un fromage au sens strict du terme, tel que le définirait un affineur ou un puristes. Il ne résulte pas d’une simple coagulation du lait, processus fondateur de la fabrication fromagère traditionnelle. Le Kiri est en réalité un fromage blanc fondu, enrichi en crème. Cette transformation implique une étape de fusion, modifiant profondément la texture et le processus de fabrication par rapport à un fromage classique.

L’ajout de crème lui confère sa texture onctueuse et son goût doux, particulièrement apprécié des enfants, cible principale de son lancement. Cette composition, volontairement simple et accessible, en fait un produit facile à tartiner, idéal pour les goûters ou les collations. La fabrication industrialisée contribue également à sa standardisation et à sa large distribution, contrairement aux fromages artisanaux souvent plus capricieux.

Alors, que conclure ? Le Kiri, bien que commercialisé et consommé comme un fromage, ne répond pas à toutes les critères d’un fromage au lait traditionnel. Il s’agit plutôt d’un produit laitier fondu, élaboré à partir de fromage blanc et de crème. On pourrait le qualifier de “produit fromagier”, reconnaissant sa composition laitière, mais soulignant la différence de processus de fabrication. Cette distinction sémantique ne diminue en rien le plaisir gustatif et la place particulière qu’il occupe dans le cœur (et sur les tartines) de nombreux consommateurs. Finalement, le débat sur son statut de fromage est presque anecdotique face à son succès durable et incontesté. Le Kiri, c’est avant tout une petite boîte de bonheur lacté, un symbole gustatif d’une époque, et cela, indépendamment de toute classification fromagère trop rigide.