Quel était le premier nom de La Vache qui rit ?

De la Wachkyrie à La Vache qui rit : une histoire méconnue

L’histoire de La Vache qui rit, cette icône fromagère reconnaissable entre mille, est souvent réduite à sa célèbre vache souriante. Pourtant, derrière ce symbole emblématique se cache une genèse plus complexe et amusante, loin des campagnes publicitaires pastel qui ont marqué des générations. Son premier nom, loin d’être aussi jovial qu’on pourrait le penser, reflète une époque bien différente : la Première Guerre mondiale.

En effet, ce n’est pas dans un laboratoire fromager, mais sur les champs de bataille, que l’aventure commence. En 1910, la société Bel, alors spécialisée dans la fabrication et la distribution de fromages, lance le RVF B70, un fromage fondant à pâte pressée. Pour promouvoir ce produit, elle fait appel à l’illustrateur Benjamin Rabier, connu pour son style humoristique et ses animaux anthropomorphes. Rabier crée alors une illustration d’un bœuf, au faciès jovial et un brin bouffon, destinée à égayer les emballages. Ce bœuf, loin d’être une vache, est le véritable ancêtre de notre emblématique mascotte.

Or, c’est sur le front, au milieu des tranchées et de la boue, que le nom originel prend forme. Un soldat, probablement pour se moquer des mythiques Walkyries, figures guerrières de la mythologie nordique, et en référence au caractère jovial de l’illustration, aurait surnommé le bœuf de Rabier “La Wachkyrie”. Ce jeu de mots, alliant l’aspect comique du dessin à la sonorité germanique, évoque une certaine ironie vis-à-vis de l’ennemi. Ce surnom, né d’un humour de circonstance, dans le contexte grave de la guerre, témoigne d’une certaine forme de résistance et d’esprit frondeur.

“La Wachkyrie” donc, un nom temporaire, informel, qui n’apparaîtra jamais officiellement sur les emballages. Cependant, il marque un tournant crucial. Ce sobriquet, né dans l’anonymat des tranchées, aura servi de tremplin à la marque pour trouver le nom définitif : “La Vache qui rit”. Ce dernier, plus doux et plus commercial, s’imposera progressivement, occultant l’histoire originale.

Ainsi, l’histoire de La Vache qui rit est plus qu’une simple campagne marketing réussie. Elle nous raconte un récit inattendu, mêlant art, guerre et humour, où un bœuf hilare, baptisé “La Wachkyrie” au milieu des combats, deviendra une légende fromagère mondiale. Le nom original, loin d’être un détail anecdotique, nous rappelle les origines inattendues de ce symbole omniprésent sur nos tables. Il est le témoin silencieux d’une époque et d’une naissance bien particulière, loin de l’image lisse et appétissante que l’on connaît aujourd’hui.