Comment appelle-t-on la personne qui mange beaucoup ?

Plus qu’un gros appétit : Décrypter la surconsommation alimentaire

On entend souvent dire de quelqu’un qui mange beaucoup qu’il a “un gros appétit”, ou qu’il est “glouton”. Ces termes, bien que couramment utilisés, restent imprécis et ne rendent pas compte de la complexité sous-jacente à une consommation alimentaire excessive. Alors, comment qualifier véritablement une personne qui mange compulsivement de grandes quantités de nourriture ? La réponse n’est pas aussi simple qu’un simple adjectif.

Il est crucial de distinguer la simple gourmandise ou un appétit important d’une véritable problématique alimentaire. Manger beaucoup ne signifie pas automatiquement souffrir d’un trouble du comportement alimentaire. Certaines personnes ont naturellement un métabolisme plus rapide, nécessitant un apport calorique plus élevé. D’autres peuvent avoir des raisons culturelles ou sociales justifiant une consommation importante de nourriture lors de certains événements.

Cependant, lorsqu’une consommation excessive est régulière, incontrôlable et s’accompagne d’une souffrance émotionnelle significative, il est temps de se pencher sur la possibilité d’un trouble alimentaire. Dans ce cas, le terme “glouton” ou “gourmand” devient inadéquat et même potentiellement stigmatisant. Il est alors plus juste de parler de personne souffrant potentiellement d’hyperphagie boulimique.

L’hyperphagie boulimique, contrairement à une simple envie de manger beaucoup, est un trouble mental caractérisé par des crises alimentaires récurrentes. Ces crises sont définies par une ingestion rapide d’une quantité importante de nourriture, bien supérieure à ce que la plupart des individus consommeraient dans un laps de temps similaire sous les mêmes circonstances. Elles s’accompagnent souvent d’un sentiment de perte de contrôle, comme si la personne était incapable d’arrêter de manger, même si elle le souhaite.

Contrairement à l’anorexie ou la boulimie, l’hyperphagie boulimique ne s’accompagne pas systématiquement de comportements compensatoires comme les vomissements provoqués, l’usage de laxatifs ou une activité physique excessive. La souffrance principale réside dans le sentiment de culpabilité, de honte et de désespoir qui suit les crises alimentaires. Ce cycle infernal affecte profondément la santé physique et mentale de la personne concernée.

En conclusion, qualifier une personne qui mange beaucoup uniquement par un adjectif comme “glouton” est réducteur et potentiellement blessant. Une consommation alimentaire excessive peut être le signe d’une hyperphagie boulimique, un trouble nécessitant une prise en charge médicale et psychologique. Il est donc essentiel de privilégier l’empathie et la compréhension plutôt que des jugements hâtifs, et de se référer à des professionnels de santé pour obtenir un diagnostic précis et un accompagnement adapté.