Pourquoi dit-on vieille morue ?

L’expression “vieille morue” : une métaphore du désuet et du rebut

L’expression “vieille morue” désigne une personne ou un objet perçus comme lassants, désuets et, surtout, rebutants. Cette appellation, lourde de connotations péjoratives, exprime un profond dégoût. Pourquoi cette association avec un poisson, et plus précisément une morue “simplement salée” ? La clé réside dans la comparaison implicite avec des méthodes de conservation plus raffinées.

La morue, poisson abondant, a longtemps été une source de protéines importante dans de nombreuses régions. Différentes techniques de conservation étaient (et sont) utilisées, allant du simple salage à la séchage, parfois à la fermentation, pour la transformation en stockfish. Ces méthodes, en fonction du contexte, permettent une conservation plus longue et une meilleure qualité gustative.

La “vieille morue”, elle, est réduite à sa forme la plus basique, le simple salage. Cette méthode, sans doute efficace, est perçue comme grossière, voire rustre, par rapport aux techniques plus élaborées qui permettent de préserver la fraîcheur et la qualité du poisson. L’expression compare donc implicitement l’individu ou l’objet décrié à cette morue “simplement salée”, un produit banal et dépourvu de finesse, contrairement aux alternatives.

L’aspect désuet entre en jeu également. La “vieille morue” n’est pas forcément mauvaise en soi, mais elle est perçue comme dépassée, figée dans une technologie ou une manière de faire ancienne et non plus adaptée au temps présent. Elle représente le passé, l’immobilisme, alors que les alternatives évoquent l’évolution et le progrès.

Cette association avec la morue, donc, n’est pas anodine. Elle convoque une image de simplicité primaire, de manque d’innovation, de décadence même, à l’opposé d’une certaine sophistication ou d’une évolution perceptible. L’expression traduit donc un jugement de valeur négatif, un rejet envers ce qui est considéré comme obsolète et rebutant.