Pourquoi écrit-on femme et non famme ?

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Lorthographe « femme » dérive du latin « femina », initialement prononcé avec laccent sur la première syllabe. Une évolution phonétique sur plusieurs siècles a mené à la prononciation « féém » et à lécriture actuelle, choisie parmi des variantes comme « feme ».
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Le mystère de la lettre “m” : pourquoi “femme” et non “famme” ?

L’orthographe française, réputée pour sa complexité, recèle parfois des secrets insoupçonnés. Prenez le mot “femme”, par exemple. Pourquoi cette graphie, avec un “m” intercalé entre le “f” et le “e”, et non pas une forme plus intuitive comme “famme” ? La réponse se niche dans l’histoire de la langue, une histoire faite d’évolutions phonétiques subtiles et de choix orthographiques parfois arbitraires.

Notre voyage commence avec le latin, berceau de nombreux mots français. Le mot “femme” dérive directement du latin “femina”, prononcé à l’époque avec un accent tonique sur la première syllabe : “FE-mina”. Cette prononciation, fondamentale pour comprendre l’évolution ultérieure, place un accent d’intensité sur le “FE”.

Au fil des siècles, la langue romane, ancêtre du français, a subi de profondes transformations. La prononciation a évolué, et l’accent tonique sur la première syllabe s’est atténué. Le son “fe” s’est progressivement transformé en “fɛm” (avec le “ɛ” représentant le son “è” dans “père”). Ce changement phonétique crucial a conduit à une modification de la structure syllabique.

Imaginez une prononciation proche de “féém”, avec une syllabe accentuée suivie d’une syllabe faible. Cette évolution phonétique a généré plusieurs variantes orthographiques concurrentes au cours des âges. La forme “feme”, par exemple, reflète une tentative de transcrire directement le son perçu. D’autres variantes, aujourd’hui obsolètes, ont sans doute existé, témoignant de la fluctuation inhérente à l’évolution d’une langue.

Alors pourquoi “femme” a-t-il finalement été privilégié ? La réponse est moins claire. Il ne s’agit pas d’une simple transcription phonétique directe. L’influence de l’étymologie latine, la volonté de préserver une trace de la forme originelle, et des choix arbitraires des grammairiens et des scribes au cours de la standardisation de la langue française, ont probablement joué un rôle décisif. La présence du “m”, même s’il ne correspond pas à une prononciation actuelle distincte, témoigne de cette histoire complexe et du processus subtil de stabilisation orthographique.

En conclusion, la graphie “femme”, loin d’être une simple anomalie, est un témoignage tangible de l’évolution phonétique de la langue française sur plusieurs siècles. Elle nous rappelle que l’orthographe, plus qu’une simple transcription de la prononciation, est aussi le reflet d’une histoire riche et souvent imprévisible. La persistance du “m” dans “femme” nous offre un aperçu fascinant de ce voyage linguistique, un héritage silencieux qui persiste dans nos mots.