Pourquoi les jeunes disent guez ?

“Guez” : Décryptage d’un terme adolescent et son évolution linguistique

Le mot “guez”, synonyme de “nul” dans l’argot adolescent, intrigue. Bien qu’il semble omniprésent dans certaines sphères jeunes, son origine précise et son évolution restent floues, rendant son analyse linguistique particulièrement intéressante. Contrairement à d’autres mots d’argot qui connaissent une popularité fulgurante et éphémère, “guez” persiste, témoignant d’une certaine résilience dans le paysage linguistique des jeunes générations.

Contrairement à la croyance populaire qui le situe uniquement au début des années 2000, l’apparition de “guez” est plus subtile à tracer. Il n’y a pas de “big bang” linguistique identifiable, mais plutôt une émergence progressive, probablement issue des interactions informelles entre adolescents, s’enrichissant et se répandant par le biais des réseaux sociaux et des interactions en ligne. L’absence de documentation officielle rend difficile une datation précise et une identification de sa source originelle. Il est probable qu’il ait évolué à partir d’une expression phonétique ou d’un jeu de mots initialement compris seulement par un groupe restreint avant de se généraliser.

L’intérêt de “guez” réside dans sa polyvalence. Il ne se limite pas à la simple expression d’un jugement négatif. Il sert également à exprimer un sentiment de désintérêt, de lassitude, voire d’indifférence. On dira “ce film est guez” pour signifier qu’il est ennuyeux et sans intérêt, mais aussi “cette soirée est guez” pour exprimer une sensation de déception ou de manque d’engouement. Cette nuance sémantique est cruciale pour comprendre son usage courant. Il ne s’agit pas simplement d’une insulte, mais d’une manière concise et efficace de transmettre une opinion négative, voire un certain détachement face à une situation ou une chose.

L’utilisation de “guez” reflète également une tendance linguistique chez les jeunes, consistant à privilégier la concision et l’impact émotionnel sur la précision lexicale. C’est un mot court, percutant, facile à mémoriser et à intégrer dans une conversation informelle. Sa simplicité même contribue à sa diffusion et à son adoption par de larges pans de la jeunesse.

En conclusion, “guez” n’est pas qu’un simple synonyme de “nul”. Il représente un phénomène linguistique intéressant qui illustre l’évolution dynamique de l’argot adolescent, sa capacité d’adaptation et son rôle dans la construction identitaire des jeunes. Son étude permet de mieux comprendre les mécanismes de création et de diffusion des mots d’argot, ainsi que la richesse et la complexité de la langue parlée des jeunes générations. La recherche d’une origine précise reste un défi, mais l’analyse de son usage et de sa signification actuelle permet une meilleure compréhension de ce terme persistant et polyvalent.