Quel a été le premier mot écrit ?

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Le cunéiforme, système décriture inventé en Mésopotamie, représente une des plus anciennes formes décriture connue. Déterminer le tout premier mot écrit reste impossible, lémergence de lécriture étant un processus graduel.

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La Quête du Premier Mot Écrit : Un Mirage Mésopotamien ?

L’écriture, pilier fondamental de nos sociétés, fascine par son histoire millénaire. Souvent, la question du “premier mot écrit” surgit, teintée d’une aura de mystère et d’une quête d’origines absolues. Si la Mésopotamie, berceau de l’écriture cunéiforme, nous offre un aperçu des premières formes d’expression écrite, la réalité est bien plus nuancée qu’une simple identification d’un mot inaugural.

Il est tentant d’imaginer un scribe sumérien gravant avec précaution un mot unique, marquant ainsi un avant et un après dans l’histoire de l’humanité. Cependant, l’émergence de l’écriture fut un processus progressif, une lente évolution des systèmes de comptabilité et de représentation symbolique. Les premières tablettes d’argile cunéiformes, datant d’environ 3200 av. J.-C., ne révèlent pas un mot isolé, mais plutôt des inventaires de biens, des listes de rations, des transactions commerciales. Ces pictogrammes, ancêtres de nos lettres, représentaient initialement des objets concrets : une tête de bœuf pour le bétail, un épi de blé pour les céréales.

L’abstraction, clé de voûte de l’écriture telle que nous la connaissons, n’apparut que graduellement. Les symboles évoluèrent, se simplifièrent, et leur sens s’étendit pour englober des concepts plus abstraits. Ce processus, s’étalant sur plusieurs siècles, rend impossible l’identification d’un “premier mot”. Il s’agit plutôt d’une transition subtile du concret à l’abstrait, du pictogramme à l’idéogramme, puis au phonogramme.

Par ailleurs, la nature même des premières inscriptions rend difficile l’interprétation. Le contexte archéologique, souvent fragmentaire, limite notre compréhension. Les scribes, mus par des préoccupations pragmatiques, ne cherchaient pas à immortaliser des pensées philosophiques, mais à gérer des ressources, à enregistrer des transactions. Leur objectif n’était pas de laisser à la postérité un “premier mot”, mais de répondre aux besoins immédiats de leur société.

Ainsi, la quête du premier mot écrit s’apparente à la recherche d’un mirage. L’écriture n’est pas née d’un éclair de génie, mais d’une longue gestation, d’une accumulation d’innovations et d’adaptations. Plutôt que de chercher un mot unique, il est plus pertinent de s’intéresser à ce processus fascinant, à cette lente émergence d’un système de communication qui allait transformer l’humanité. L’histoire de l’écriture n’est pas celle d’un premier mot, mais celle d’une multitude de signes, progressivement chargés de sens, tissant la trame d’une communication toujours plus complexe et riche.