Comment Fogg a gagné son pari ?

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Phileas Fogg a triomphé de son pari grâce à une astuce liée aux fuseaux horaires. En voyageant vers lest, il a subtilement gagné du temps sans sen rendre compte. Cest en arrivant à Londres quil réalise avoir bénéficié dun jour supplémentaire, lui permettant de gagner son pari in extremis et de prouver que le tour du monde en 80 jours était possible.

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L’astuce du fuseau horaire : Comment Phileas Fogg a remporté son pari impossible

Le récit vertigineux du tour du monde de Phileas Fogg en quatre-vingts jours, immortalisé par Jules Verne, repose sur une tension palpable, un défi lancé à la montre et à la géographie. Mais au-delà des péripéties spectaculaires, des rencontres fortuites et des poursuites haletantes, c’est une subtilité géographique, presque anecdotique, qui scelle la victoire du gentleman anglais : l’exploitation inconsciente des fuseaux horaires.

On ne parle pas ici d’une tricherie consciente, d’un subterfuge élaboré. Non, la réussite de Fogg repose sur une compréhension implicite, voire intuitive, des implications du voyage vers l’Est. À chaque étape franchissant une nouvelle longitude, il gagne du temps, sans même s’en apercevoir. La progression vers l’orient le propulse, heure après heure, dans un futur relatif. Chaque nouvelle ville, chaque nouvelle journée, lui offre une avance imperceptible, une accumulation furtive de minutes précieuses.

Ce n’est qu’à son retour triomphant à Londres que la vérité éclate. Alors qu’il se croit à la limite de l’échec, à quelques instants de la défaite, Fogg réalise l’ampleur de son gain de temps. L’addition des décalages horaires, imperceptibles au quotidien, s’est transformée en un jour entier. Un jour gracieusement offert par la rotondité de la Terre et la course du soleil. Ce jour supplémentaire, gagné subtilement et sans intention malhonnête, lui permet de franchir la ligne d’arrivée quelques instants avant la sonnerie fatidique, confirmant la faisabilité de son pari audacieux et validant, malgré les périls rencontrés, la prouesse humaine.

L’ironie est subtile et profondément vernienne. Fogg, l’homme d’une précision et d’une ponctualité presque maniaques, remporte son pari grâce à une imprécision, à une subtilité géographique dont il n’a pas pleinement conscience. Sa victoire n’est pas seulement le fruit de sa persévérance et de son organisation impeccable, mais également le produit d’une heureuse conjonction de circonstances, dont la méconnaissance des fuseaux horaires (ou plutôt leur utilisation inconsciente) constitue le point culminant. Elle souligne ainsi que même le calcul le plus précis peut être surpassé par les subtilités du monde, et que le hasard, ou plutôt la géographie, peut parfois jouer un rôle décisif dans la réussite de l’entreprise la plus audacieuse. En fin de compte, c’est la Terre elle-même qui a offert à Fogg son triomphe.