Est-ce que publier un livre rapporte de l'argent ?

L’eldorado des 9% : mythe ou réalité des revenus d’un livre ?

On entend souvent parler des fameux 9% de droits d’auteur en édition traditionnelle. Pourtant, cette image idyllique, souvent galvaudée, masque une réalité bien plus complexe. Publier un livre rapporte-t-il réellement de l’argent ? La réponse est nuancée, loin de la promesse d’enrichissement rapide véhiculée par ce chiffre mythique. En réalité, la part perçue par les auteurs est sensiblement inférieure, et le chemin vers la rentabilité peut s’avérer sinueux.

Oublions l’idée des 9% comme une vérité générale. Ce pourcentage, parfois applicable dans certains contrats d’édition traditionnelle, ne représente qu’une fraction des cas et dépend de nombreux facteurs, comme la notoriété de l’auteur, le genre littéraire ou encore la maison d’édition. Il est plus réaliste de parler d’une moyenne avoisinant les 50% du prix de vente Hors Taxes (HT). Et même ce pourcentage est sujet à déduction.

En effet, avant d’arriver dans la poche de l’auteur, le prix de vente subit plusieurs prélèvements. Il faut d’abord déduire la TVA (5,5% en France pour les livres), puis les commissions des librairies, qui peuvent représenter une part importante, entre 30 et 40% du prix HT. Enfin, les frais de distribution, englobant le transport, le stockage et la diffusion, viennent encore amputer les revenus de l’auteur, généralement de l’ordre de 20%.

Prenons un exemple concret : un livre vendu 10€ TTC. Après déduction de la TVA (0,52€), le prix HT est de 9,48€. Si la librairie prend une commission de 35% (3,32€), et la distribution 20% (1,89€), il reste 4,27€ HT pour l’auteur, soit environ 45% du prix HT initial. Si l’auteur perçoit 50% de ces 4,27€, cela représente 2,13€. On est loin des 0,90€ que représenteraient 9% du prix TTC. Cet exemple illustre la complexité du calcul et la distance entre la perception des 9% et la réalité des revenus.

Il est donc essentiel pour les auteurs de se renseigner précisément sur les conditions contractuelles et de bien comprendre les différents mécanismes de répartition des revenus. La transparence est primordiale pour éviter les déconvenues et appréhender sereinement le parcours, parfois semé d’embûches, de la publication d’un livre. La passion d’écrire ne doit pas occulter la réalité économique de ce secteur. Si la fortune n’est pas garantie, la satisfaction de voir son œuvre publiée et partagée reste une récompense inestimable.