Pourquoi les marins portent-ils une cravate noire ?

Le mystère de la cravate noire des marins : bien plus qu’une simple coquetterie

L’image du marin, souvent associée à une tenue impeccable et une allure fière, comprend un détail souvent passé inaperçu : la cravate noire. Contrairement à une idée répandue, il ne s’agit pas d’une cravate au sens traditionnel du terme, mais d’une référence à une pratique bien plus ancienne et symbolique, liée à la coiffure masculine à l’époque de Louis XIV.

L’explication populaire, reliant directement la cravate noire à un vêtement de cou, est erronée. En réalité, l’origine de cette expression réside dans une ordonnance royale imposée sous le règne du Roi Soleil. Cette ordonnance, visant à uniformiser l’apparence des marins de la Royale, obligeait les hommes de la flotte à porter leurs cheveux attachés en une queue de cheval, ou catogan, particulièrement rigoureux.

Mais la spécificité de cette coiffure ne s’arrêtait pas à la simple attache. L’extrémité du catogan devait être enduite d’une substance, souvent une pommade ou un produit similaire, lui conférant une rigidité et une couleur noire intense. C’est cette “extrémité noircie” qui est à l’origine de l’expression “cravate noire”. Elle servait de marqueur d’identification, un signe distinctif immédiatement reconnaissable, attestant de l’appartenance du marin à la marine royale.

On peut donc imaginer les équipages, sous le regard impitoyable des officiers, veillant scrupuleusement à la propreté et à l’aspect de cette “cravate noire” capillaire. Un catogan mal soigné, ou dont la teinte noire était ternie, pouvait entraîner des sanctions, soulignant l’importance de ce détail apparemment mineur dans le maintien de la discipline et de l’unité au sein de la flotte.

Ainsi, loin d’être une simple fantaisie vestimentaire, la “cravate noire” des marins est un vestige historique, une trace tangible d’une époque où la coiffure était un élément clé de l’uniformité et de l’identité militaire. Elle nous rappelle l’importance du détail, et comment une ordonnance royale sur la coiffure peut laisser une marque durable dans le langage populaire, perdurant ainsi longtemps après la disparition de la pratique elle-même. L’expression, passée à la postérité, continue à évoquer l’image du marin, forte et reconnaissable, ancrée dans l’imaginaire collectif.