Comment examiner le tonus ?

Évaluer le tonus musculaire : Au-delà du toucher rectal

L’évaluation du tonus musculaire est un élément crucial de l’examen clinique, permettant de diagnostiquer une large variété de pathologies neurologiques et musculaires. Si le toucher rectal permet d’apprécier le tonus du sphincter anal, il ne représente qu’un exemple parmi de nombreuses techniques d’évaluation, souvent plus globales et moins invasives. Cet article explore différentes méthodes pour examiner le tonus musculaire, allant de l’observation simple à des tests plus sophistiqués.

L’observation passive: Avant même le contact physique, l’observation attentive du patient au repos fournit des indices précieux. Une attitude particulière, une posture asymétrique, des tremblements ou des mouvements involontaires peuvent suggérer une atteinte du tonus. L’inspection visuelle peut révéler des atrophies musculaires, des contractures ou des fasciculations (contractions musculaires visibles sous la peau), autant de signes importants.

La palpation: La palpation, en complément de l’observation, permet d’apprécier la consistance musculaire. Un muscle hypotonique sera mou et flasque, alors qu’un muscle hypertonique présentera une résistance accrue à la palpation. La résistance à la mobilisation passive des articulations est également un indicateur essentiel. Une résistance excessive suggère une hypertonie, alors qu’une absence de résistance indique une hypotonie.

La mobilisation passive: Le clinicien mobilise passivement les différentes articulations du patient, en évaluant la résistance offerte par les muscles. Cette méthode permet de distinguer différents types d’hypertonie :

• Spasticité: Caractérisée par une résistance dépendant de la vitesse du mouvement (résistance plus importante lors d’un mouvement rapide). Elle est souvent associée à une lésion du système pyramidal.
• Rigidité: Résistance constante et indépendante de la vitesse du mouvement, souvent rencontrée dans les maladies extrapyramidales comme la maladie de Parkinson.

L’échelle de modification du tonus: Plusieurs échelles permettent de quantifier objectivement le tonus musculaire. L’échelle de Ashworth est couramment utilisée pour évaluer la spasticité. Elle décrit graduellement le degré de résistance au mouvement passif, permettant une comparaison objective entre les évaluations.

Techniques spécifiques: Certaines techniques d’évaluation sont spécifiques à des groupes musculaires ou à des types de pathologies. Par exemple, le test de la pendule pour évaluer la présence de tremblements, ou encore des tests plus spécifiques pour les muscles oculomoteurs.

Le toucher rectal : une évaluation ciblée: Comme mentionné en introduction, le toucher rectal permet d’évaluer le tonus du sphincter anal. Il s’agit d’un examen invasif réservé à des situations spécifiques et exigeant une parfaite asepsie et un consentement éclairé du patient. L’évaluation porte sur la force de contraction du sphincter, renseignant sur l’innervation des racines sacrées S2 à S4.

Conclusion: L’évaluation du tonus musculaire est un processus complexe qui nécessite une approche multidisciplinaire et une attention particulière aux détails. Il existe un large éventail de techniques, allant de l’observation simple à des tests plus sophistiqués, permettant d’obtenir une image précise de l’état du tonus musculaire et d’orienter le diagnostic. Le choix de la méthode dépendra du contexte clinique, des symptômes présentés par le patient et des objectifs de l’examen.