Comment se sent-on quand on arrête de boire ?

Le grand saut : Comment se sent-on vraiment en arrêtant l’alcool ?

Arrêter de boire, un acte souvent perçu comme simple, se révèle être une expérience complexe, aussi diverse que les individus qui la vivent. Si l’image populaire associe le sevrage alcoolique à une simple gueule de bois prolongée, la réalité est beaucoup plus nuancée et, pour certains, considérablement plus difficile. Loin des clichés, comprendre les sensations physiques et psychologiques impliquées est essentiel pour se préparer et traverser cette étape avec le plus de sérénité possible.

L’arrêt brutal de la consommation d’alcool, notamment après une consommation prolongée et importante, peut déclencher un véritable syndrome de sevrage, dont la sévérité varie en fonction de plusieurs facteurs: la quantité d’alcool consommée quotidiennement, la durée de la consommation, l’existence de pathologies préexistantes, et même la génétique. Ce n’est pas une simple “fatigue”, mais un processus biologique et psychologique profond.

Le corps en réaction : une tempête intérieure.

Le corps, habitué à la présence d’alcool, réagit violemment à son absence. Les symptômes physiques peuvent être intenses et désagréables. La littérature médicale décrit fréquemment :

• Des troubles neurovégétatifs: transpiration excessive, palpitations, tachycardie (accélération du rythme cardiaque), tremblements, hyperventilation, pouvant même occasionner des sensations de vertiges et d’évanouissement. Ces symptômes sont liés à la perturbation du système nerveux autonome, responsable de la régulation des fonctions corporelles involontaires.
• Des troubles digestifs: nausées, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales. L’estomac, habitué à la présence d’alcool, peut réagir violemment à son absence.
• Des maux de tête intenses: ceux-ci peuvent être liés à la déshydratation, à la dilatation des vaisseaux sanguins et à la perturbation du sommeil.
• Des poussées de tension artérielle: l’alcool pouvant avoir un effet hypotenseur à court terme, son arrêt brutal peut, paradoxalement, entraîner une hausse de la tension.

L’esprit en émoi : un terrain psychologique fragile.

Parallèlement aux symptômes physiques, le sevrage alcoolique provoque des perturbations importantes au niveau psychologique. L’arrêt de l’alcool, substance anxiolytique et euphorisante, peut révéler ou amplifier des troubles préexistants ou en créer de nouveaux :

• Des troubles de l’humeur: irritabilité marquée, voire agressivité, anxiété intense, dépression, voire des états de panique. Ces variations d’humeur sont liées à la perturbation de la production de neurotransmetteurs, substances chimiques essentielles à l’équilibre psychique.
• Des troubles du sommeil: insomnies, cauchemars fréquents, sommeil non réparateur, contribuant à exacerber les autres symptômes. Le sommeil, essentiel à la régénération physique et mentale, est profondément affecté par le sevrage.
• Des difficultés de concentration et de mémoire: la capacité cognitive peut être altérée, rendant les tâches quotidiennes plus difficiles.
• Des envies intenses d’alcool (cravings): ces envies peuvent être très fortes et difficiles à gérer, nécessitant un accompagnement adapté.

Il est crucial de souligner que l’intensité et la durée de ces symptômes varient considérablement d’une personne à l’autre. Certains individus ne présenteront que des symptômes légers, tandis que d’autres subiront un sevrage intense nécessitant une hospitalisation. L’accompagnement médical et/ou psychologique est fortement recommandé, surtout en cas de consommation importante et prolongée. Ne pas hésiter à contacter un médecin, un addictologue ou une association spécialisée pour obtenir de l’aide et un suivi adapté à sa situation. Le chemin vers la sobriété est un parcours, parfois difficile, mais possible et gratifiant.