Pourquoi a-t-on mauvaise haleine quand on ne mange pas ?

La mauvaise haleine, un signal d’alarme de la faim ?

On associe souvent la mauvaise haleine à une alimentation riche en aliments odorants, ou à un manque d’hygiène bucco-dentaire. Pourtant, paradoxalement, le jeûne prolongé, l’absence même de nourriture, peut également en être une cause, et un signal d’alarme potentiellement grave. Ce phénomène, bien que moins connu, mérite d’être éclairci.

La première explication réside dans la modification du microbiome buccal. Lorsque l’apport alimentaire est insuffisant, le corps puise dans ses réserves d’énergie. Ce processus métabolique perturbé modifie l’équilibre de la flore bactérienne de la cavité buccale. En l’absence de nutriments frais provenant des aliments, les bactéries se nourrissent des débris cellulaires et des protéines de la salive et des tissus buccaux. Cette décomposition produit des composés volatils sulfurés (CVS), responsables de l’odeur fétide caractéristique de la mauvaise haleine, ou halitose. Plus précisément, l’absence de nourriture entraîne une augmentation du pH salivaire, créant un environnement plus favorable à la prolifération de certaines bactéries responsables de la production de CVS, notamment au niveau du dos de la langue, zone souvent négligée lors du brossage.

Cependant, la mauvaise haleine liée au jeûne peut également être un symptôme plus inquiétant : l’acidocétose. L’acidocétose est un état métabolique qui survient lorsque le corps utilise les graisses comme source principale d’énergie en l’absence de glucose (sucre). Ce processus produit des corps cétoniques, des molécules acides qui sont excrétées par la respiration et l’urine. Ces corps cétoniques ont une odeur fruitée et sucrée distinctive, souvent décrite comme celle de l’acétone. L’haleine ayant une odeur fruitée, sucrée et particulièrement forte, associée à une fatigue intense, une soif excessive et des mictions fréquentes, peut être un signe d’acidocétose, une complication potentiellement dangereuse du diabète de type 1 ou d’autres troubles métaboliques. Dans ce cas, une consultation médicale urgente est impérative.

Il est important de distinguer la simple mauvaise haleine due à une hygiène buccale insuffisante ou à un jeûne de courte durée, de l’haleine fétide persistante et particulièrement forte pouvant indiquer une acidocétose. Bien que le jeûne intermittent soit une pratique de plus en plus répandue, il est crucial de rester attentif aux signaux de son corps. Une mauvaise haleine persistante, surtout accompagnée d’autres symptômes, ne doit jamais être négligée et justifie une consultation médicale afin d’écarter tout risque de complication. En résumé, la mauvaise haleine, loin d’être un simple désagrément, peut être un indicateur précieux de notre état de santé, soulignant l’importance d’une alimentation équilibrée et d’une surveillance attentive de son propre corps.