Pourquoi ne peut-on pas utiliser d’eau de Javel dans les maisons de retraite ?

L’Eau de Javel, un allié discutable dans les maisons de retraite

L’eau de Javel, désinfectant puissant et familier, est souvent perçue comme une solution miracle contre les germes. Pourtant, son utilisation dans les maisons de retraite est fortement déconseillée, voire interdite, et ce malgré son efficacité reconnue. Ce choix, loin d’être arbitraire, repose sur des considérations de santé publique cruciales, principalement liées à la vulnérabilité des résidents.

Contrairement aux idées reçues, l’efficacité de l’eau de Javel n’est pas une raison suffisante pour justifier son usage dans un environnement sensible comme une maison de retraite. En effet, ses inconvénients, notamment en termes de sécurité respiratoire, surpassent largement les bénéfices attendus.

Le principal risque réside dans la libération de vapeurs de chlore, composant actif de l’eau de Javel. Une mauvaise ventilation, même minime, suffit à concentrer ces vapeurs dans l’air ambiant. Pour les personnes âgées, souvent fragilisées par des problèmes respiratoires préexistants (asthme, bronchite chronique, emphysème…), l’inhalation de ces vapeurs peut déclencher des irritations importantes des voies respiratoires. Des allergies, des maux de tête, des toux persistantes et des crises d’asthme sont autant de symptômes possibles, allant jusqu’à des complications graves, voire des risques mortels dans les cas les plus extrêmes.

De plus, la population des maisons de retraite est hétérogène. Certaines personnes souffrent de déficiences cognitives, les empêchant de comprendre les dangers liés à l’utilisation de l’eau de Javel et de s’éloigner des zones traitées. D’autres, alitées ou à mobilité réduite, sont exposées passivement aux vapeurs, sans possibilité d’échapper à l’irritation.

Enfin, l’utilisation de l’eau de Javel implique une manipulation rigoureuse. Une mauvaise dilution ou un mélange avec d’autres produits ménagers peut engendrer des réactions chimiques dangereuses, libérant des gaz toxiques. Dans un contexte où le personnel soignant est souvent surmené, le risque d’erreur est accru.

En conclusion, l’interdiction ou la forte restriction de l’utilisation de l’eau de Javel dans les maisons de retraite n’est pas une mesure draconienne, mais une précaution indispensable pour préserver la santé et la sécurité des résidents. Des alternatives plus sûres, comme les désinfectants à base d’alcool ou les produits spécialement conçus pour les établissements de santé, doivent être privilégiées pour garantir un environnement hygiénique et sécurisant pour tous. La priorité reste la protection des personnes les plus vulnérables face aux risques chimiques, même ceux qui peuvent paraître anodins.