Pourquoi sent-on mauvais de la bouche quand on ne mange pas ?

L’haleine du matin, ou plus précisément, l’haleine de jeûne : décryptage d’un phénomène méconnu

On le sait tous, l’haleine du matin n’est pas toujours la plus agréable. Mais saviez-vous que ce phénomène, souvent attribué à la prolifération bactérienne nocturne, est aussi et surtout lié à un processus métabolique fascinant : la cétose légère ? Contrairement à la croyance populaire, ce n’est pas uniquement l’accumulation de bactéries dans la bouche qui est en cause, mais bel et bien l’absence d’apport alimentaire pendant plusieurs heures qui joue un rôle prépondérant.

Lorsque nous dormons, et plus généralement lorsque nous jeûnons, notre corps est privé de son carburant principal : le glucose, issu de la digestion des aliments. Face à ce manque, l’organisme met en place une stratégie de survie ingénieuse : puiser dans ses réserves. Il se tourne alors vers les graisses stockées pour produire de l’énergie. Ce processus, appelé cétose, conduit à la formation de corps cétoniques, notamment l’acétone, l’acétoacétate et le bêta-hydroxybutyrate.

Ces molécules, bien utiles pour alimenter le cerveau et les muscles en l’absence de glucose, ont un effet secondaire moins plaisant : elles sont volatiles et s’échappent en partie par les poumons, modifiant l’odeur de notre haleine. L’acétone, en particulier, possède une odeur caractéristique, souvent décrite comme fruitée, voire métallique ou acide, et perceptible par notre entourage. C’est cette odeur particulière qui caractérise l’haleine de jeûne, qu’on observe le matin au réveil, mais aussi après un jeûne prolongé ou un régime alimentaire très restrictif en glucides.

Il est important de distinguer cette haleine de jeûne, liée à la cétose physiologique, de l’halitose chronique, qui peut signaler un problème de santé sous-jacent, comme une infection buccale, des problèmes digestifs ou encore certaines maladies. Si la mauvaise haleine persiste malgré une bonne hygiène bucco-dentaire et une alimentation équilibrée, il est crucial de consulter un professionnel de santé pour en déterminer la cause.

L’haleine du matin, loin d’être une simple anecdote olfactive, témoigne donc d’un processus métabolique essentiel à notre survie. Elle nous rappelle que notre corps, même au repos, est une machine complexe et constamment en activité, capable de s’adapter aux variations de notre environnement et de nos apports énergétiques. Une petite gêne olfactive, finalement, pour une grande prouesse biologique.