Quand corriger une hyponatrémie ?

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Une hyponatrémie aiguë avec symptômes neurologiques nécessite une correction rapide. On administre 100 ml de solution saline hypertonique par voie intraveineuse sur 15 minutes. Si les symptômes persistent, la dose peut être répétée une fois.
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Quand corriger une hyponatrémie ? Une approche pragmatique face à l’urgence

L’hyponatrémie, caractérisée par une concentration plasmatique de sodium inférieure à 135 mmol/L, est une anomalie électrolytique fréquente aux conséquences potentiellement graves. La décision de corriger une hyponatrémie et la vitesse de cette correction dépendent crucialement de la sévérité des symptômes et de la rapidité d’installation du déficit en sodium. Il ne s’agit pas d’une correction systématique, mais d’une intervention ciblée et urgente dans certains cas spécifiques.

Hyponatrémie aiguë symptomatique : l’urgence primordiale

Le scénario le plus critique est celui de l’hyponatrémie aiguë (début en moins de 48 heures) accompagnée de symptômes neurologiques. Ce tableau clinique, souvent marqué par des céphalées, des nausées, des vomissements, de la confusion, des convulsions voire un coma, nécessite une correction rapide et vigoureuse pour prévenir des complications potentiellement fatales. Le délai d’action est crucial.

Le protocole recommandé dans ces situations d’urgence consiste en l’administration intraveineuse d’une solution saline hypertonique (typiquement du sérum salé hypertonique à 3%) à un débit contrôlé. Une dose initiale de 100 ml administrée sur 15 minutes est généralement préconisée. L’objectif n’est pas de corriger complètement l’hyponatrémie d’emblée, mais de soulager rapidement les symptômes neurologiques. Une amélioration clinique significative doit être observée dans les minutes suivant l’administration.

Si les symptômes neurologiques persistent ou réapparaissent après une première administration, une seconde dose de 100 ml de solution saline hypertonique sur 15 minutes peut être envisagée, sous surveillance médicale rigoureuse. Toutefois, il est impératif de surveiller étroitement la natrémie et l’état neurologique du patient pendant et après l’administration de la solution hypertonique, afin d’éviter une correction trop rapide et donc dangereuse, susceptible d’entraîner une myélinolyse pontine centrale (MPC), une complication neurologique grave et potentiellement irréversible.

Hyponatrémie chronique asymptomatique ou légèrement symptomatique : une approche plus prudente

En revanche, l’hyponatrémie chronique (début sur plus de 48 heures) et asymptomatique ou seulement légèrement symptomatique (légères céphalées) nécessite une approche plus graduelle et prudente. La correction doit être lente, afin de prévenir le risque de MPC. Dans ces cas, une restriction hydrique associée à une éventuelle supplémentation orale en sodium peut être suffisante. La vitesse de correction doit être soigneusement déterminée par un professionnel de santé en fonction de la sévérité de l’hyponatrémie et de l’état clinique du patient. Une hospitalisation n’est pas toujours nécessaire.

Conclusion : une surveillance indispensable

La correction de l’hyponatrémie est une procédure médicale qui nécessite une évaluation précise de l’état du patient, la détermination du type et de la durée de l’hyponatrémie, et une surveillance étroite de la natrémie et de l’état neurologique. Il ne faut jamais tenter de corriger une hyponatrémie sans l’avis et la supervision d’un professionnel de santé qualifié. L’auto-médication est formellement déconseillée et peut être dangereuse. L’approche thérapeutique doit être individualisée et adaptée à chaque cas clinique.