Quel médicament provoque la neuropathie ?

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La thalidomide, llénalidomide et le pomalidomide peuvent induire une neuropathie sensitive, fréquente (jusquà 80% avec la thalidomide), parfois irréversible. Ces effets secondaires doivent être surveillés attentivement.

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La Neuropathie induite par les médicaments : le cas de la thalidomide et ses dérivés

La neuropathie périphérique, caractérisée par des douleurs, des engourdissements et des faiblesse dans les extrémités, peut être un effet secondaire indésirable de nombreux médicaments. Parmi ceux-ci, la thalidomide, ainsi que ses dérivés l’lénalidomide et le pomalidomide, occupent une place particulière en raison de leur fréquence et de la potentialité d’irréversibilité des lésions nerveuses induites. Comprendre les mécanismes et la gestion de cette neuropathie est crucial pour la sécurité des patients traités par ces molécules.

Contrairement à une idée reçue qui pourrait associer la neuropathie uniquement à des pathologies chroniques comme le diabète, des médicaments, même utilisés dans le cadre de traitements ciblés, peuvent causer des dommages significatifs au système nerveux périphérique. La thalidomide, initialement commercialisée comme sédatif et antiémétique, a tristement illustré ce risque dans les années 1960, avec des conséquences dramatiques pour les nouveau-nés exposés in utero. Bien que son utilisation actuelle soit strictement encadrée et limitée à des indications spécifiques comme le myélome multiple et la maladie de Hansen (lèpre), le risque de neuropathie périphérique persiste.

Les études cliniques ont montré que la neuropathie sensitive, se manifestant par des paresthésies (fourmillements, picotements), des douleurs brûlantes, et une hypoesthésie (diminution de la sensibilité), est fréquente chez les patients traités par la thalidomide. Le taux de prévalence peut atteindre 80% selon les études, soulignant l’importance d’une surveillance étroite. L’lénalidomide et le pomalidomide, des analogues structuraux de la thalidomide utilisés dans le traitement du myélome multiple et d’autres cancers hématologiques, partagent ce risque, bien que la fréquence puisse varier.

Le mécanisme exact par lequel ces médicaments induisent la neuropathie n’est pas complètement élucidé. Cependant, des hypothèses impliquant des perturbations de la vascularisation nerveuse, des interactions avec les canaux ioniques des neurones, et une inflammation locale sont explorées. La durée et l’intensité du traitement, ainsi que la dose administrée, sont des facteurs qui influencent le risque.

Face à ce risque, une surveillance clinique attentive est indispensable. La détection précoce des symptômes de neuropathie permet une adaptation du traitement, voire son arrêt, afin de limiter les dommages neurologiques. La mise en place d’une échelle d’évaluation de la neuropathie, comme l’échelle de la neuropathie du bras et de la jambe (NCTS), permet un suivi objectivé et régulier. Le traitement symptomatique, incluant des analgésiques, des anticonvulsivants et des antidépresseurs, peut être envisagé pour soulager les douleurs et améliorer la qualité de vie des patients.

En conclusion, la thalidomide, l’lénalidomide et le pomalidomide constituent des exemples importants de médicaments pouvant induire une neuropathie périphérique, parfois sévère et irréversible. Une surveillance rigoureuse et une prise en charge adaptée sont essentielles pour minimiser les risques et améliorer le bien-être des patients. Des recherches complémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre les mécanismes impliqués et développer des stratégies de prévention efficaces.