Quels sont les critères diagnostiques des brûlures ?

Le Diagnostic des Brûlures : Au-delà de l’Apparence

Les brûlures, lésions cutanées causées par la chaleur, l’électricité, les produits chimiques ou les radiations, nécessitent une évaluation précise pour guider le traitement et pronostiquer l’évolution. Le diagnostic repose sur une analyse minutieuse, combinant l’examen clinique et des examens complémentaires, afin d’évaluer la profondeur et l’étendue des lésions, ainsi que les complications potentielles. Contrairement à une idée reçue, l’apparence initiale ne suffit pas toujours à déterminer la gravité réelle de la brûlure.

1. Évaluation de la Profondeur:

La profondeur de la brûlure est classiquement divisée en degrés, bien que cette classification soit parfois controversée et remplacée par une description plus descriptive (épaisseur partielle, épaisseur totale). L’évaluation clinique se base sur plusieurs critères :

• Brûlures superficielles (anciennement premier degré): Elles touchent uniquement l’épiderme (couche superficielle de la peau). Elles se caractérisent par une rougeur, une douleur vive et un œdème modéré. La peau reste lisse et ne forme pas de cloques. La cicatrisation est généralement spontanée et rapide (quelques jours).

• Brûlures partielles d’épaisseur superficielle (anciennement deuxième degré superficiel): Elles atteignent le derme superficiel. Elles se manifestent par des rougeurs vives, des cloques remplies de liquide clair, une douleur importante et un œdème plus marqué que dans les brûlures superficielles. La cicatrisation est généralement spontanée, mais laisse des cicatrices moins importantes que pour les brûlures plus profondes.

• Brûlures partielles d’épaisseur profonde (anciennement deuxième degré profond): Elles atteignent le derme profond. Les cloques sont moins nombreuses, voire absentes, et le liquide contenu peut être hémorragique. La douleur peut être moins intense (en raison de la destruction des terminaisons nerveuses) et l’œdème important. La cicatrisation est plus lente et laisse des cicatrices plus importantes, potentiellement hypertrophiques ou chéloïdes.

• Brûlures à épaisseur totale (anciennement troisième et quatrième degré): Elles détruisent toutes les couches de la peau, pouvant atteindre les tissus sous-jacents (muscles, os). Elles se présentent sous forme d’une peau sèche, blanche ou noirâtre, insensible à la douleur (anesthésie), avec une absence de cloques. La cicatrisation est extrêmement lente et nécessite souvent une greffe de peau. Les complications sont fréquentes et graves.

2. Évaluation de l’Étendue:

L’étendue de la brûlure est exprimée en pourcentage de la surface corporelle (SC). Plusieurs méthodes existent pour estimer ce pourcentage, dont la règle des neuf (pour les adultes) ou les abaques spécifiques aux enfants. Une évaluation précise est cruciale pour déterminer la gravité de la brûlure et la nécessité d’une prise en charge spécialisée.

3. Examens Complémentaires:

Pour les brûlures profondes et étendues, des examens complémentaires sont nécessaires pour détecter d’éventuelles complications :

• Électrocardiogramme (ECG): Pour détecter des troubles du rythme cardiaque liés à une déshydratation, une électrocution ou une intoxication au monoxyde de carbone.

• Radiographie pulmonaire: Pour rechercher un œdème pulmonaire, une inhalation de fumée ou des lésions thoraciques.

• Analyses sanguines: Pour évaluer l’état d’hydratation, la fonction rénale, l’hématocrite, et rechercher une rhabdomyolyse (destruction musculaire), une infection ou une insuffisance hépatique.

• Analyses urinaires: Pour compléter l’évaluation de la fonction rénale et détecter une myoglobinurie (présence de myoglobine dans les urines, signe de rhabdomyolyse).

En conclusion, le diagnostic des brûlures est un processus multifactoriel qui nécessite une évaluation clinique rigoureuse combinée à des examens complémentaires adaptés. La gravité de la brûlure dépend non seulement de sa profondeur et de son étendue, mais aussi de la présence de complications potentiellement mortelles. L’expertise médicale est donc indispensable pour assurer une prise en charge optimale et un pronostic favorable.