Quels sont les troubles alimentaires non spécifiés ?

Au-delà des étiquettes : Décrypter les Troubles Alimentaires Non Spécifiés (TCANS)

Les troubles alimentaires, souvent associés à des images médiatiques d’anorexie ou de boulimie, représentent une réalité bien plus complexe et nuancée. Derrière les diagnostics classiques se cachent les Troubles Alimentaires Non Spécifiés (TCANS), une catégorie englobant une multitude de comportements alimentaires perturbés, ne répondant pas précisément aux critères diagnostiques des troubles mieux connus. Loin d’être une simple “boîte à outils” pour les cas atypiques, les TCANS révèlent une souffrance réelle, nécessitant une attention et une prise en charge spécifiques.

Contrairement à l’anorexie, la boulimie ou l’hyperphagie boulimique, les TCANS ne se caractérisent pas par un seul symptôme dominant, mais par une constellation de comportements alimentaires anormaux et préoccupants. Cette absence de critères diagnostiques stricts ne signifie pas une moindre gravité ; au contraire, la diversité des manifestations rend parfois le diagnostic plus difficile et la prise en charge plus complexe.

Voici quelques exemples de comportements alimentaires fréquemment associés aux TCANS :

• Le grignotage compulsif: Consommation excessive de nourriture, souvent en dehors des repas principaux, accompagnée d’une sensation de perte de contrôle. Ce grignotage n’est pas nécessairement motivé par la faim, mais plutôt par des émotions comme le stress, l’ennui ou la tristesse.

• L’hyperactivité compensatoire: Pratiques mises en place pour compenser une prise alimentaire jugée excessive, allant au-delà du simple vomissement ou de l’utilisation de laxatifs. Il peut s’agir d’un exercice physique excessif, d’un jeûne prolongé, ou d’un usage abusif de diurétiques. L’intensité de ces comportements ne répond pas aux critères des troubles alimentaires classiques.

• Le pica: Ingurgitation persistante de substances non nutritives et non comestibles, comme de la terre, du papier, de la peinture ou des cheveux. Ce comportement peut être lié à des carences nutritionnelles, des troubles développementaux ou des troubles mentaux.

• Le mérycisme: Régurgitation répétée de nourriture, suivie d’une rumination ou d’une remastication avant déglutition ou expulsion. Ce comportement, souvent involontaire, peut être source d’inconfort physique et psychologique.

• L’alimentation sélective: Restriction sévère de l’alimentation à un nombre limité d’aliments, souvent liée à des textures, des couleurs ou des odeurs spécifiques. Cette sélectivité peut entraîner des carences nutritionnelles importantes.

Il est important de souligner que les TCANS ne sont pas une simple variante bénigne des troubles alimentaires mieux connus. Ils peuvent engendrer des conséquences graves sur la santé physique et mentale, incluant des troubles nutritionnels, des problèmes dentaires, des troubles digestifs, une faible estime de soi, une dépression et une anxiété.

Le diagnostic des TCANS repose sur une évaluation approfondie par un professionnel de santé, incluant un entretien clinique, une analyse de l’alimentation et des habitudes alimentaires, ainsi qu’une exploration des facteurs psychologiques et environnementaux contribuant au trouble. La prise en charge, généralement pluridisciplinaire, peut inclure une thérapie nutritionnelle, une psychothérapie (cognitivo-comportementale notamment) et, si nécessaire, un suivi médical régulier.

En conclusion, les Troubles Alimentaires Non Spécifiés représentent une réalité souvent méconnue et sous-estimée. Comprendre leur complexité et leur diversité est crucial pour améliorer le diagnostic et offrir une prise en charge adaptée, permettant aux personnes concernées de retrouver une relation saine avec la nourriture et leur corps. Si vous ou un proche présentez des comportements alimentaires préoccupants, n’hésitez pas à consulter un professionnel de santé.