Est-il normal d’avoir peur des requins ?

La peur des requins : une angoisse justifiée ou une phobie irrationnelle ?

Les requins. Leur simple nom suffit à évoquer des images de dents acérées, de profondeurs obscures et d’attaques terrifiantes. Il est indéniable que la fascination qu’ils exercent est souvent teintée de crainte. Mais où se situe la limite entre une peur saine et une phobie paralysante ?

Il est parfaitement normal de ressentir une certaine appréhension face aux requins. Ces prédateurs marins sont puissants et leur image, souvent amplifiée par le cinéma et les médias, est synonyme de danger. Un instinct de conservation sain nous pousse à la prudence face à un animal capable de nous blesser, et la peur est une émotion de survie fondamentale.

Cependant, cette peur peut parfois franchir un seuil et devenir une véritable phobie, la squalophobie. Elle se caractérise par une angoisse intense et irrationnelle, disproportionnée par rapport au risque réel. Dans ce cas, la simple pensée d’un requin, même en regardant un documentaire ou en entendant parler d’eux, peut déclencher des crises d’angoisse, des palpitations cardiaques, de la transpiration excessive et d’autres symptômes physiques et psychologiques.

La squalophobie ne se limite pas à éviter la baignade en mer. Elle peut impacter considérablement la vie quotidienne. Une personne atteinte pourrait éviter les piscines, les aquariums, voire même refuser de regarder des films se déroulant en mer. La peur devient alors un obstacle, limitant les activités et la qualité de vie.

La différence fondamentale réside dans la proportionnalité de la réaction. Ressentir de l’anxiété en nageant dans des eaux fréquentées par des requins est compréhensible. Refuser de s’approcher d’une plage sécurisée, surveillée et réputée pour l’absence de requins, relève davantage de la phobie.

En somme, la peur des requins est un continuum. Une crainte modérée est un signe de bon sens et de prudence. Mais si cette peur devient incontrôlable, irrationnelle et invalidante, elle peut être diagnostiquée comme une squalophobie, une phobie spécifique qui, comme toutes les phobies, peut être traitée avec succès grâce à des thérapies comportementales et cognitives. L’objectif n’est pas de nier le danger potentiel, mais de reprendre le contrôle de ses émotions et de vivre sans laisser la peur dicter ses choix.