Pourquoi certaines personnes ne ressentent pas le froid ?

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Une mutation génétique apparue il y a 80 000 ans, lors de la migration hors dAfrique, expliquerait la résistance au froid observée chez environ 1,5 milliard de personnes. Labsence de la protéine α-actinine-3 serait à lorigine de cette adaptation génétique.

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Le Mystère de l’Immunité au Froid : L’Héritage d’une Mutation Génétique Ancestrale

Vous connaissez probablement quelqu’un qui, face aux morsures de l’hiver, semble afficher une indifférence déconcertante. Alors que vous grelottez sous plusieurs couches de vêtements, cette personne se promène tranquillement, vêtue d’une simple veste, sans montrer le moindre signe de frilosité. Ce phénomène, loin d’être anecdotique, pourrait bien s’expliquer par une mutation génétique survenue il y a des millénaires.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette résistance au froid n’est pas une question de volonté ou d’endurance. Elle est inscrite dans notre ADN. Des recherches récentes ont mis en lumière une mutation génétique spécifique, apparue il y a environ 80 000 ans, qui confère une tolérance accrue aux basses températures à une part significative de la population mondiale.

Cette mutation serait survenue au moment crucial de la migration de nos ancêtres hors d’Afrique. Confrontés à des climats beaucoup plus froids, ces premiers humains ont subi une pression sélective intense, favorisant les individus capables de mieux s’adapter. Le résultat? La propagation d’une mutation particulière, touchant aujourd’hui environ 1,5 milliard d’individus à travers le globe.

Le coupable (ou le sauveur, selon le point de vue)? L’absence de la protéine α-actinine-3. Cette protéine est principalement présente dans les fibres musculaires rapides, celles qui sont utilisées lors d’efforts intenses et brefs, comme le sprint. L’absence de cette protéine, loin d’être un handicap, semble avoir conduit à une modification du métabolisme musculaire.

Plus précisément, on pense que les personnes dépourvues de α-actinine-3 ont une meilleure capacité à produire de la chaleur en mobilisant leurs muscles d’une manière plus subtile et moins intense. Ce processus, appelé thermogenèse sans frissons, permet de maintenir une température corporelle adéquate même dans des environnements froids, sans les tremblements involontaires qui caractérisent la réaction habituelle au froid.

Il est important de noter que cette mutation ne confère pas une immunité totale au froid. Elle permet simplement aux individus concernés de ressentir moins les effets du froid et de s’y adapter plus facilement. Des facteurs environnementaux et comportementaux, comme l’alimentation, l’activité physique et l’habillement, jouent toujours un rôle crucial dans la gestion de la température corporelle.

En conclusion, la résistance au froid observée chez certaines personnes est bien plus qu’une simple anecdote. Elle est le témoignage d’une adaptation génétique fascinante, forgée par la nécessité de survivre dans des environnements hostiles. L’absence de la protéine α-actinine-3, héritée de nos ancêtres migrateurs, nous rappelle que notre corps est un véritable chef-d’œuvre d’adaptation, capable de s’ajuster aux défis les plus extrêmes. Et la prochaine fois que vous croiserez quelqu’un insensible au froid, vous saurez peut-être qu’il porte en lui la trace d’une histoire vieille de 80 000 ans.