Pourquoi le foin humide prend-il feu ?

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Le foin humide, tassé en balles denses, retient lhumidité. Le manque de circulation dair empêche lévaporation, favorisant une fermentation interne qui produit de la chaleur, pouvant mener à une combustion spontanée.

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L’embrasement spontané du foin humide : un feu couvant au cœur des balles

Le foin, aliment essentiel pour de nombreux animaux, peut parfois se transformer en un danger insoupçonné. Contrairement à l’idée reçue qu’il faut une flamme pour déclencher un incendie, le foin humide, paradoxalement, peut s’enflammer spontanément. Ce phénomène, bien que rare, représente un risque réel pour les agriculteurs et nécessite une compréhension des mécanismes en jeu.

Le processus d’auto-combustion du foin repose sur un subtil équilibre entre humidité, température et aération. Lorsque le foin est récolté humide et pressé en balles denses, l’humidité se retrouve piégée au cœur de la botte. Cette humidité, combinée à la faible circulation d’air à l’intérieur de la balle, crée un environnement propice au développement de micro-organismes.

Ces micro-organismes, principalement des bactéries et des champignons, initient un processus de fermentation. Semblable à la fermentation du compost, ce processus dégage de la chaleur. Dans des conditions normales, cette chaleur se dissipe dans l’environnement. Cependant, la densité des balles de foin et le manque d’aération empêchent cette dissipation, entraînant une accumulation progressive de chaleur au cœur de la balle.

Au fur et à mesure que la température augmente, les micro-organismes se multiplient plus rapidement, accélérant encore la fermentation et la production de chaleur. Ce cercle vicieux peut faire grimper la température à l’intérieur de la balle jusqu’à des niveaux critiques, atteignant parfois 70°C à 90°C. À ce stade, la chaleur devient suffisante pour déclencher la combustion spontanée des matières végétales sèches présentes dans le foin, même si l’ensemble est humide en surface.

Il est important de noter que le taux d’humidité joue un rôle crucial. Un foin trop sec ne permettra pas le développement des micro-organismes, tandis qu’un foin trop humide limitera l’apport en oxygène nécessaire à la combustion. C’est dans une zone d’humidité intermédiaire, généralement supérieure à 20%, que le risque d’auto-combustion est le plus élevé.

Pour prévenir ce phénomène, il est essentiel de s’assurer que le foin est suffisamment sec avant de le mettre en balles. Un séchage adéquat au champ, suivi d’un stockage approprié dans un endroit bien ventilé, permet de minimiser les risques d’auto-combustion. La surveillance régulière de la température des balles de foin, notamment à l’aide de thermomètres à sonde, est également une pratique recommandée pour détecter une éventuelle élévation anormale de la température et intervenir rapidement avant qu’un incendie ne se déclare.