Pourquoi les avions ne survolent-ils pas le Soudan ?

Le ciel interdit : Pourquoi les avions évitent-ils le Soudan ?

Le conflit au Soudan, loin d’être une simple perturbation régionale, a des répercussions concrètes et tangibles sur le trafic aérien mondial. L’image d’un globe terrestre sillonné de routes aériennes parfaitement tracées est soudainement mise à mal par de vastes zones d’exclusion, et le Soudan en est un exemple frappant. Mais pourquoi les avions évitent-ils cet espace aérien ? La réponse est complexe, et ne se résume pas uniquement à la guerre civile qui déchire le pays.

La suspension des survols du Soudan, annoncée par de nombreuses compagnies aériennes – dont Air France, qui a par exemple interrompu le survol de la Mer Rouge à titre préventif – est motivée par un ensemble de facteurs interconnectés :

1. L’instabilité politique et militaire aiguë: La guerre au Soudan, marquée par des combats intenses entre l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR), crée un environnement extrêmement volatile. Les risques de tirs de missiles, d’accidents aériens dus à des débris ou à des manœuvres militaires imprévisibles sont considérables. L’absence de contrôle de l’espace aérien, voire des actions délibérées de ciblage d’aéronefs, constituent des menaces directes pour la sécurité des vols.

2. L’infrastructure défaillante: La guerre a gravement endommagé les infrastructures au sol, y compris les systèmes de navigation aérienne. L’absence de surveillance et de communication fiables rend la navigation dans la zone dangereuse et imprévisible, augmentant le risque d’incidents. Les contrôleurs aériens peuvent être indisponibles, les radars hors service, compromettant la sécurité des avions en transit.

3. La menace des groupes armés: Au-delà du conflit principal, d’autres groupes armés opèrent au Soudan et dans les régions limitrophes. Leur présence ajoute une couche supplémentaire de complexité et de danger, rendant difficile l’évaluation précise des risques à chaque instant. La menace de tirs accidentels ou de prises d’otages par des groupes non étatiques est une réalité qui ne peut être ignorée.

4. L’impact sur les assurances: Les compagnies d’assurance, confrontées à des risques considérables, sont amenées à augmenter le coût des polices pour les vols survolant le Soudan, voire à refuser la couverture. Ce facteur économique pèse lourd dans la décision des compagnies aériennes de suspendre les survols.

Au-delà de la simple suspension des survols: Il est important de noter que la décision d’éviter l’espace aérien soudanais est une mesure de précaution visant à assurer la sécurité des passagers et des équipages. Elle témoigne de la gravité de la situation et de l’importance accordée à la prévention de tout incident, même improbable. La reprise des survols ne sera possible que lorsque les conditions de sécurité seront réévaluées et jugées suffisamment sûres par les autorités compétentes et les compagnies aériennes elles-mêmes. L’avenir du ciel soudanais reste donc, pour le moment, incertain.