Pourquoi les poissons ouvrent-ils la bouche ?

Le silence aquatique est trompeur : pourquoi les poissons ouvrent-ils la bouche ?

L’image du poisson, paisiblement glissant dans l’eau, peut laisser croire à une existence sereine et silencieuse. Pourtant, une observation attentive révèle un détail constant et fondamental : le mouvement régulier de l’ouverture et de la fermeture de leur bouche. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas un signe de conversation sous-marine, ni une manifestation d’agressivité ou de jeu. La raison est bien plus vitale : la respiration.

Pour comprendre ce mécanisme, il faut se pencher sur le fonctionnement des branchies, véritables poumons aquatiques du poisson. Contrairement aux mammifères qui absorbent l’oxygène de l’air, les poissons extraient l’oxygène dissous dans l’eau. Ce processus, crucial pour leur survie, repose sur un courant d’eau constant qui irrigue leurs branchies. Et c’est ici que l’ouverture de la bouche entre en jeu.

L’ouverture buccale n’est pas un simple acte passif. C’est un élément moteur d’un système complexe et efficace. Le poisson ouvre sa bouche, créant une dépression qui aspire l’eau riche en oxygène. Cette eau est ensuite acheminée à travers les branchies, fines structures lamellaires hautement vascularisées. C’est au niveau des branchies que se produit l’échange gazeux : l’oxygène de l’eau passe dans le sang du poisson, tandis que le dioxyde de carbone, produit de son métabolisme, est libéré dans l’eau.

Une fois l’échange gazeux effectué, l’eau appauvrie en oxygène est expulsée, généralement par les ouïes situées derrière les branchies. Ce mouvement continu, l’aspiration et l’expulsion de l’eau, est donc essentiel pour la survie du poisson. L’ouverture de la bouche est le premier maillon de cette chaîne vitale.

La fréquence d’ouverture de la bouche varie selon l’espèce, la température de l’eau, le niveau d’activité du poisson et la quantité d’oxygène disponible. Un poisson en situation de stress ou dans une eau pauvre en oxygène ouvrira sa bouche plus fréquemment et plus largement. Observer ce mouvement, apparemment simple, nous permet donc d’appréhender la complexité et la finesse du système respiratoire des poissons, et de mieux comprendre les défis auxquels ils sont confrontés pour survivre dans leur environnement aquatique. Le silence aquatique est donc trompeur : une observation attentive révèle une activité incessante et vitale, rythmée par le battement silencieux, mais essentiel, de la bouche du poisson.