Quel médicament provoque une hypothyroïdie ?

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Certains médicaments induisent une hypothyroïdie. Le lithium, utilisé pour les troubles bipolaires, et linterféron, employé contre certaines maladies virales, en sont des exemples. La radiothérapie cervicale ou thoracique peut également lentraîner en endommageant la thyroïde.

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L’hypothyroïdie iatrogène : quand les médicaments perturbent la thyroïde

L’hypothyroïdie, une condition caractérisée par une production insuffisante d’hormones thyroïdiennes, est une pathologie fréquente. Si les causes auto-immunes, comme la maladie de Hashimoto, sont les plus souvent pointées du doigt, il est important de ne pas négliger l’origine iatrogène, c’est-à-dire provoquée par un traitement médical. En effet, certains médicaments et certaines interventions peuvent perturber le fonctionnement de la thyroïde et induire une hypothyroïdie.

Cette hypothyroïdie iatrogène est souvent insidieuse et peut se manifester par des symptômes variés, parfois attribués à d’autres affections. Il est donc crucial d’être vigilant, particulièrement chez les patients recevant des traitements susceptibles d’affecter la glande thyroïde.

Les principaux médicaments impliqués :

Plusieurs classes de médicaments sont reconnues pour leur potentiel à induire une hypothyroïdie :

  • Le Lithium : Largement prescrit dans le traitement des troubles bipolaires, le lithium est connu pour interférer avec la production d’hormones thyroïdiennes. Il peut inhiber la libération de T4 et T3, les hormones thyroïdiennes principales, et augmenter la production de TSH (hormone stimulant la thyroïde), en signe de compensation. Une surveillance régulière de la fonction thyroïdienne est donc indispensable chez les patients sous lithium.

  • L’Interféron alpha (IFN-α) : Utilisé dans le traitement de certaines hépatites virales chroniques, de certains cancers et de la sclérose en plaques, l’interféron alpha peut induire une thyroïdite, une inflammation de la thyroïde, qui peut aboutir à une hypothyroïdie. La surveillance est également recommandée.

  • L’Amiodarone : Ce médicament antiarythmique, bien que puissant et efficace, est particulièrement riche en iode. Cette surcharge en iode peut perturber le fonctionnement de la thyroïde, entraînant aussi bien une hypothyroïdie qu’une hyperthyroïdie.

  • Les inhibiteurs de tyrosine kinase (ITK) : Utilisés dans le traitement de certains cancers, ces médicaments ciblés peuvent également perturber la fonction thyroïdienne et induire une hypothyroïdie.

La radiothérapie : un risque à prendre en compte

En dehors des médicaments, la radiothérapie ciblant la région cervicale ou thoracique peut également endommager la thyroïde et conduire à une hypothyroïdie. L’irradiation peut détruire les cellules thyroïdiennes et altérer leur capacité à produire des hormones.

Importance de la surveillance et du diagnostic :

La détection précoce de l’hypothyroïdie iatrogène est essentielle pour prévenir des complications potentielles, telles que la fatigue chronique, la prise de poids, la dépression, les problèmes cardiaques et les troubles cognitifs.

Il est donc primordial :

  • De réaliser un bilan thyroïdien complet (TSH, T4 libre) avant de débuter un traitement médicamenteux potentiellement inducteur d’hypothyroïdie.
  • De surveiller régulièrement la fonction thyroïdienne pendant le traitement, selon les recommandations du médecin.
  • De signaler tout symptôme suspect d’hypothyroïdie à son médecin traitant.

En conclusion, l’hypothyroïdie iatrogène est une réalité à ne pas négliger. Une vigilance accrue, une surveillance régulière et une prise en charge rapide permettent de limiter les conséquences de cette complication médicamenteuse et d’assurer une meilleure qualité de vie aux patients. Il est crucial de se rappeler que le dialogue entre le patient et son médecin est essentiel pour identifier les risques et adapter la prise en charge de manière personnalisée.