Quel est le pays où il y a le plus de délinquance ?

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Selon un classement controversé publié par un site serbe et partagé sur Facebook, la France serait le pays développé avec le taux de criminalité le plus élevé. Toutefois, il est important de noter que ce classement nest pas reconnu par les instances officielles et que sa méthodologie et ses données ont été contestées.

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Le mythe du pays le plus criminogène : comparer les pommes et les oranges

L’idée d’un classement définitif des pays selon leur taux de criminalité est aussi alléchante qu’illusoire. Récemment, un classement publié par un site serbe et relayé sur les réseaux sociaux a fait grand bruit en désignant la France comme le pays développé le plus criminel. Cependant, cette affirmation, aussi percutante soit-elle, mérite un examen critique approfondi. Car derrière ce chiffre, souvent cité sans contexte, se cachent des réalités complexes et des méthodologies discutables qui rendent toute comparaison directe extrêmement difficile, voire impossible.

La première difficulté réside dans la définition même de la criminalité. Qu’entend-on par “délinquance” ? Les vols à main armée sont-ils pondérés de la même manière que les infractions routières ? Les crimes économiques sont-ils inclus avec la même importance que les crimes violents ? Chaque pays possède son propre système juridique, sa propre manière de collecter et de classifier les données, ce qui rend toute comparaison brute extrêmement trompeuse. Un pays enregistrant un nombre élevé de petits délits pourrait apparaître plus “criminel” qu’un pays où les crimes graves, mais moins fréquents, sont commis.

De plus, la fiabilité des données est un point crucial. Certains pays disposent de systèmes de police et de justice plus efficaces que d’autres, permettant une meilleure collecte et un meilleur suivi des infractions. D’autres, en revanche, souffrent de sous-déclaration, notamment pour des raisons culturelles ou liées à la corruption. Un pays avec un taux de délation élevé n’est pas forcément plus criminogène qu’un pays où les victimes hésitent à signaler les délits.

Enfin, la méthodologie utilisée pour établir ce type de classement est rarement transparente. Le classement serbe, par exemple, n’a pas été soumis à un examen par les pairs et sa méthodologie reste floue. Sans connaître précisément les critères utilisés, les pondérations appliquées et les sources des données, toute conclusion reste spéculative. Il est donc impossible de valider la pertinence et la fiabilité de ce genre de classement.

En conclusion, affirmer qu’un pays est “le plus criminel” au monde est une simplification excessive et dangereuse. Comparer les taux de criminalité entre pays nécessite une approche nuancée, prenant en compte la diversité des systèmes juridiques, la fiabilité des données et la transparence des méthodologies. Au lieu de se concentrer sur des classements sujets à caution, il serait plus pertinent d’analyser les causes profondes de la criminalité dans chaque pays et de comparer les politiques publiques mises en œuvre pour la combattre. L’absence d’une méthodologie standardisée et transparente rend toute comparaison globale dénuée de sens véritable.