Quel est le premier transport en commun ?

L’ancêtre du bus : les carrosses à cinq sols de Blaise Pascal

Oubliez le métro, le tramway, même l’omnibus. Si l’on cherche le véritable ancêtre des transports en commun urbains, il faut remonter à 1662, à Paris, sous le règne de Louis XIV. C’est là que Blaise Pascal, plus connu pour ses travaux en mathématiques et philosophie, met en place un système révolutionnaire : les “carrosses à cinq sols”.

Loin des fiacres et des chaises à porteurs, réservées à une élite aisée, ces carrosses constituent une véritable innovation. Imaginez des attelages tirés par des chevaux, offrant huit places assises et, surtout, circulant à horaires réguliers sur des itinéraires définis. Une véritable révolution dans une ville où la majorité de la population se déplaçait à pied.

L’idée, portée par Pascal et son ami le Duc de Roannez, vise à démocratiser le transport intra-muros. Pour cinq sols, une somme modique pour l’époque, les Parisiens peuvent désormais se déplacer plus rapidement et confortablement à travers la capitale. Le roi Louis XIV, voyant le potentiel de ce système pour l’organisation et l’apaisement de la ville, accorde une autorisation officielle par lettres patentes.

Ce premier service de transport public urbain, bien qu’embryonnaire, marque une étape cruciale. Il pose les bases de concepts fondamentaux des transports modernes : la régularité des trajets, l’accessibilité à un large public grâce à un tarif abordable, et la desserte de différents quartiers selon un parcours préétabli.

Malheureusement, l’aventure des carrosses à cinq sols sera de courte durée. La noblesse, se sentant déclassée par la promiscuité avec le peuple, exerce des pressions, et le service est finalement interrompu quelques années plus tard. L’idée, pourtant géniale, restera en sommeil pendant près d’un siècle et demi, avant de réapparaître sous d’autres formes, avec les omnibus puis les tramways.

L’histoire des carrosses à cinq sols est un témoignage fascinant de l’ingéniosité de Blaise Pascal, appliquée non seulement aux sciences abstraites, mais aussi à l’amélioration concrète de la vie urbaine. Ce système, bien qu’éphémère, préfigure l’importance croissante des transports en commun dans nos sociétés modernes et représente un jalon essentiel dans leur histoire. Il rappelle que l’innovation ne se limite pas à la technologie, mais englobe également l’organisation et l’accessibilité des services pour le bien commun.