Comment un sous-marin connait-il sa position ?

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La position dun sous-marin nucléaire est déterminée grâce à des centrales inertielles de navigation. Ces systèmes intègrent les données daccélération et de vitesse angulaire pour calculer le cap, la vitesse et, par conséquent, la position précise du submersible sous leau.

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L’énigme de la localisation sous-marine : comment un sous-marin connaît-il sa position ?

La vie d’un sous-marin, royaume de l’ombre et de la discrétion, repose sur une connaissance précise de sa position, même en immersion profonde, loin de toute référence terrestre. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, la détermination de cette position n’est pas une simple extrapolation de la dernière localisation connue. Elle repose sur un ensemble sophistiqué de technologies, dont les centrales à inertie (aussi appelées centrales inertielles de navigation ou CIN) constituent le cœur.

Contrairement aux systèmes de navigation par satellites (GPS), inopérants sous l’eau, les CIN fonctionnent de manière autonome. Imaginons un gyroscope extrêmement précis, capable de mesurer la moindre variation d’orientation du sous-marin. C’est le principe fondamental de la CIN. Ce système intègre non seulement les données de ce gyroscope, qui mesure la vitesse angulaire (la rotation du sous-marin), mais également celles d’accéléromètres, qui mesurent les accélérations linéaires subies par l’engin.

Ces données, apparemment simples, sont en réalité traitées par des algorithmes complexes. À partir de la vitesse angulaire et des accélérations, la CIN calcule continuellement la vitesse et le cap du sous-marin. En intégrant ces données sur le temps, elle détermine sa position avec une précision remarquable, même après plusieurs jours en immersion. On pourrait simplifier en disant que la CIN “soustrait” les changements de position initiaux par rapport à une position de référence connue, puis additionne les changements ultérieurs pour déterminer la position actuelle.

Cependant, la perfection n’existe pas. Même les CIN les plus sophistiquées sont sujettes à une dérive, un cumul d’erreurs minimes qui, avec le temps, augmentent l’incertitude sur la position calculée. Pour pallier ce phénomène, plusieurs techniques sont employées. Les sous-marins utilisent régulièrement des méthodes de recalage :

  • Navigation par estimation de la position (Dead Reckoning): Si la navigation s’appuie principalement sur la CIN, les données de vitesse et de cap sont régulièrement vérifiées et ajustées grâce à d’autres sources d’information, si possible. Ceci permet de limiter la dérive des centrales inertielles.

  • Système d’hydrolocalisation (SONAR): En surface ou en plongée peu profonde, le sonar permet de trianguler la position du sous-marin grâce à l’analyse des échos sonores renvoyés par des objets sur le fond marin ou à la surface. Ceci sert à recalibrer la CIN.

  • Communication satellite (occasionnelle) : En remontant brièvement en surface, un sous-marin peut recevoir un signal GPS pour une mise à jour précise de sa position. Ce signal ne pourra pas être perçu sous la surface de l’eau.

En conclusion, la connaissance de la position d’un sous-marin est le fruit d’une collaboration étroite entre des systèmes autonomes hautement sophistiqués, comme les CIN, et des techniques de recalage utilisant différents capteurs, le tout assurant une navigation précise et discrète dans un environnement hostile et opaque. Cette précision est essentielle non seulement pour la navigation, mais également pour la sécurité et le succès des missions.