Où est la Provence de Pagnol ?

La Provence de Marcel Pagnol : bien plus que la Bastide Neuve

La Provence de Pagnol, celle qui résonne dans nos cœurs à l’évocation de “La Gloire de mon père”, est souvent assimilée à la Bastide Neuve, cette maison familiale nichée aux portes de Marseille et d’Aubagne, au pied du massif du Garlaban. Certes, cette villa perchée, dominant la garrigue qui s’étend vers Aix-en-Provence, est le point d’ancrage géographique de ses souvenirs d’enfance. Mais la Provence de Pagnol transcende les simples coordonnées géographiques. Elle est un territoire de l’âme, une construction littéraire nourrie d’expériences, de sensations et d’émotions.

La Bastide Neuve, lieu de villégiature estivale, est le théâtre des premières aventures du jeune Marcel. Les collines du Garlaban, avec leurs sentiers secrets et leurs grottes mystérieuses, deviennent le terrain de jeu privilégié de l’écrivain en herbe et de son ami Lili des Bellons. C’est là qu’il découvre la nature sauvage, la faune et la flore méditerranéennes, qu’il observe les chasseurs et les braconniers, qu’il s’imprègne des traditions provençales. Ces paysages, décrits avec une précision quasi-photographique et une poésie touchante, prennent vie sous sa plume et s’impriment dans l’imaginaire collectif.

Cependant, la Provence de Pagnol ne se limite pas à ce seul environnement. Elle englobe également les villages environnants, Aubagne, la Treille, Allauch, avec leurs habitants hauts en couleur, leurs accents chantants et leurs histoires pittoresques. Elle s’étend jusqu’aux rives de la Méditerranée, à l’Estaque, où la famille Pagnol possède un cabanon, lieu de pêche et de baignades. Chaque lieu est imprégné de la présence de ses personnages : son père, Joseph, instituteur républicain, sa mère, Augustine, figure aimante et protectrice, son oncle Jules, le plus formidable chasseur du monde, et bien sûr, Lili, le compagnon de jeux inséparable.

Plus qu’un simple décor, la Provence de Pagnol est un personnage à part entière de son œuvre. Elle est le berceau de son enfance, la source de son inspiration, le refuge de sa mémoire. Elle est une Provence sublimée, mythifiée, qui continue de fasciner et d’émouvoir des générations de lecteurs. Visiter la Bastide Neuve, c’est toucher du doigt une partie de cette magie, mais la véritable Provence de Pagnol se trouve avant tout dans les pages de ses livres, dans la musicalité de sa langue, dans la force de ses souvenirs. C’est une Provence intérieure, universelle, accessible à tous ceux qui se laissent porter par la puissance évocatrice de son écriture.