Pourquoi un bébé ne doit pas se regarder dans un miroir ?

Le miroir et le bébé : une rencontre pas toujours sereine avant deux ans

On pourrait penser qu’un bébé, fasciné par les visages, serait ravi de se découvrir dans un miroir. Pourtant, cette interaction, apparemment anodine, peut être source d’angoisse et de confusion avant l’âge de deux ans. Contrairement à ce que l’on imagine, le tout-petit ne se reconnaît pas. Il perçoit son reflet non pas comme une image de lui-même, mais comme une autre entité, un autre enfant. Imaginez la perplexité face à ce double énigmatique : il reproduit les gestes du bébé, sourit quand il sourit, pleure quand il pleure, mais reste inaccessible, intangible, comme un fantôme mimétique.

Cette expérience déroutante peut être vécue comme une intrusion dans l’espace personnel du bébé. Il se retrouve face à un inconnu qui empiète sur son territoire, un “autre” qui le copie sans qu’il puisse interagir réellement avec lui. L’absence de compréhension de ce phénomène peut générer de l’anxiété, voire de la peur. Le bébé peut se sentir observé, jugé, ou même menacé par cette présence illusoire.

L’immaturité du développement cognitif du bébé joue un rôle crucial dans cette perception. Avant l’acquisition de la conscience de soi, qui se développe progressivement entre 18 et 24 mois, le miroir ne représente qu’une surface réfléchissante, un jeu de lumière et d’ombres. Le bébé n’a pas encore la capacité de comprendre le concept de réflexion et d’associer l’image qu’il voit à sa propre personne.

Il ne s’agit pas pour autant de bannir les miroirs de l’environnement du bébé. Observé avec un adulte bienveillant qui lui explique, nomme les parties de son corps reflétées, le miroir peut devenir un outil d’éveil et de découverte. L’accompagnement parental est essentiel pour transformer cette expérience potentiellement angoissante en un moment ludique et enrichissant. C’est en verbalisant ce que le bébé voit, en l’aidant à connecter l’image à sa propre personne (“Regarde, c’est toi ! C’est ton nez, ta bouche…”) que l’on l’aide à construire progressivement sa conscience de soi et à apprivoiser son reflet. Ainsi, le miroir, au lieu d’être une source de confusion, deviendra un allié dans le développement de l’enfant.