Quel est l'élément le plus rare dans l'Univers ?

La quête de la rarissime astate, fantôme de l’univers

L’immensité de l’univers regorge de mystères, et parmi eux, la composition de la matière et l’abondance des différents éléments. Si l’hydrogène et l’hélium dominent, d’autres éléments, infiniment plus rares, défient notre compréhension. Sur Terre, le titre d’élément naturel le plus rare revient à l’astate, un élément radioactif si éphémère qu’il frôle l’inexistence.

L’astate (At), élément 85 du tableau périodique, est un halogène, appartenant à la même famille que le chlore ou l’iode. Cependant, contrairement à ses cousins plus stables, l’astate se distingue par son instabilité extrême. Sa durée de vie est si courte que l’on estime qu’il n’existe jamais plus de 30 grammes d’astate à la fois sur toute la Terre. Cette rareté n’est pas due à une formation limitée, mais bien à sa désintégration radioactive fulgurante. Son isotope le plus stable, l’astate-210, possède une demi-vie d’à peine 8,1 heures. Autrement dit, la moitié d’un échantillon d’astate-210 se désintègre en un peu plus de 8 heures, se transformant en d’autres éléments, principalement du polonium et du bismuth.

Cette fugacité complique considérablement son étude. L’astate est principalement produit artificiellement en bombardant du bismuth avec des particules alpha. Les quantités produites sont infimes, de l’ordre du picogramme (un millième de milliardième de gramme), rendant les expériences extrêmement délicates. Sa présence naturelle est le fruit de la désintégration d’éléments radioactifs plus lourds comme l’uranium et le thorium, mais elle reste extrêmement limitée à des traces infimes et dispersées.

Malgré sa rareté et sa nature évanescente, l’astate suscite l’intérêt des scientifiques. Ses propriétés chimiques, encore largement inexplorées, pourraient offrir des applications médicales prometteuses, notamment en radiothérapie ciblée pour le traitement de certains cancers. L’astate-211, un isotope avec une demi-vie de 7,2 heures, est particulièrement étudié pour sa capacité à émettre des particules alpha, des projectiles microscopiques à fort pouvoir destructeur pour les cellules cancéreuses, tout en limitant les dommages aux tissus sains environnants.

L’astate, véritable fantôme de la matière, illustre la complexité et la diversité des éléments qui composent l’univers. Sa rareté extrême et son instabilité en font un objet d’étude fascinant, un défi pour les scientifiques et un témoignage de la perpétuelle transformation de la matière à l’échelle cosmique. La quête pour comprendre cet élément fugace se poursuit, promettant des découvertes potentiellement révolutionnaires dans le domaine de la médecine et de notre compréhension fondamentale de la matière.