Comment Bolloré a fait fortune ?

0 voir

En 2012, le groupe Bolloré a marqué un tournant décisif dans le paysage médiatique français en acquérant les chaînes D8 et D17 (devenues C8 et CStar). Cette acquisition stratégique a permis au groupe de céder ces chaînes à Canal+, tout en sassurant une position dominante en devenant actionnaire majoritaire, consolidant ainsi son influence.

Commentez 0 J'aime

L’empire Bolloré : plus qu’une fortune, une stratégie de la discrétion

Vincent Bolloré, un nom qui résonne avec puissance dans le paysage français des affaires et des médias. Mais comment cet héritier d’une papeterie bretonne a-t-il bâti un empire aussi tentaculaire, souvent enveloppé d’un voile de discrétion ? L’histoire de sa fortune va bien au-delà de la simple acquisition de D8 et D17 (rebaptisées C8 et CStar). Elle témoigne d’une stratégie patiente, faite d’investissements diversifiés et d’une habileté à tisser des liens, parfois controversés.

Si l’épisode de 2012, marqué par le rachat puis la cession des chaînes à Canal+ avec à la clé une prise de contrôle majoritaire, est symptomatique de son approche, il ne représente qu’un fragment de l’édifice. Bolloré n’est pas un bâtisseur d’empires médiatiques au sens traditionnel du terme. Son intérêt pour les médias s’inscrit dans une logique plus globale, celle d’un conglomérat aux activités multiples, allant du transport et de la logistique à la production d’énergie, en passant par la fabrication de films plastiques ultra-minces et le stockage d’électricité.

L’histoire de la fortune Bolloré commence avec la reprise de l’entreprise familiale de papeterie. Loin de se contenter de ce patrimoine, Vincent Bolloré a entrepris une profonde mutation, se désengageant progressivement du papier pour investir dans des secteurs porteurs. Sa stratégie repose sur des prises de participation minoritaires, souvent dans des entreprises en difficulté, suivies d’une montée progressive en puissance, jusqu’à la prise de contrôle. Cette approche, qualifiée parfois de “capitalisme patient”, lui a permis de constituer un portefeuille d’actifs diversifié et de limiter les risques.

Au-delà des médias, l’Afrique est un autre terrain d’expansion majeur pour le groupe Bolloré. Depuis des décennies, il y développe ses activités dans les ports, la logistique et les plantations, tissant un réseau d’influence considérable. Ces activités africaines, bien que lucratives, sont régulièrement pointées du doigt par des ONG qui dénoncent l’impact environnemental et social de certaines pratiques.

L’empire Bolloré est donc le fruit d’une stratégie complexe, alliant diversification, patience et une certaine opacité. L’acquisition de C8 et CStar, souvent mise en avant, ne doit pas occulter la diversité des activités du groupe et la subtilité de ses méthodes. Vincent Bolloré, plus qu’un magnat des médias, est un stratège de l’ombre, dont la fortune s’est bâtie sur une maîtrise de l’art de la discrétion et de l’influence. Une discrétion qui, paradoxalement, alimente les interrogations et les controverses.