Quel est le premier nom de La Vache qui rit ?

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Pendant la Première Guerre mondiale, un poilu rebaptisa La Wachkyrie un dessin de bœuf souriant, créé par Benjamin Rabier pour le RVF B70. Limage, initialement destinée au commandant, inspira par la suite la marque La Vache qui rit.

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De “La Wachkyrie” à “La Vache qui rit” : Genèse d’une icône fromagère

L’histoire de “La Vache qui rit”, ce fromage reconnaissable entre mille, est intimement liée à l’histoire de France et à l’esprit créatif né des tranchées de la Première Guerre mondiale. Loin d’être un simple produit marketing, son nom et son image portent en eux les traces d’une époque troublée et d’une ingénieuse adaptation.

L’aventure commence avec Benjamin Rabier, illustrateur de renom et créateur du célèbre Gédéon le canard. En 1917, il est chargé de concevoir un logo pour le ravitaillement en viande fraîche (RVF) du secteur B70. Rabier imagine alors un bœuf rondouillard, jovial et souriant, un symbole de l’approvisionnement alimentaire nécessaire au moral des troupes.

Ce dessin, bien que destiné au commandant, va trouver un écho particulier chez les poilus. Face à l’horreur de la guerre, l’humour et le sarcasme deviennent des armes de survie psychologique. C’est dans cet esprit qu’un soldat anonyme, témoin du projet, va rebaptiser le bœuf de Rabier “La Wachkyrie”. Un jeu de mots audacieux, mêlant une déformation du mot allemand “Walkyrie” (ces divinités guerrières de la mythologie nordique) à l’allusion au ravitaillement en viande. L’utilisation du “W” dans “Wachkyrie” souligne la germanisation moqueuse du terme, dans un contexte de conflit avec l’Allemagne.

Cette appellation improvisée plaît et s’ancre dans l’imaginaire des soldats. Elle témoigne d’une appropriation par le groupe, d’une réinterprétation humoristique de l’image proposée par l’état-major. Le commandant lui-même, amusé par l’invention, adopte l’appellation officieusement.

Après la guerre, Léon Bel, fabricant de fromages, se souvient de ce symbole. Il avait lui-même servi dans le secteur B70 et avait été marqué par “La Wachkyrie”. Fort de cette expérience et de l’impact de cette image sur ses anciens compagnons d’armes, Bel va s’en inspirer directement pour créer sa marque de fromage.

Cependant, “La Wachkyrie”, bien que populaire, est un terme trop connoté à la guerre et à l’Allemagne. Il opte alors pour une version plus simple, plus universelle et plus joyeuse : “La Vache qui rit”. Le nom conserve l’esprit jovial du dessin original, tout en s’éloignant des références conflictuelles.

Ainsi, le premier nom du dessin de bœuf souriant à l’origine de “La Vache qui rit” est bien “La Wachkyrie”, un surnom donné par un poilu inconnu, témoignant de l’humour et de la résilience des soldats français pendant la Première Guerre mondiale. Cette anecdote révèle un aspect méconnu de l’histoire de la marque, soulignant le rôle essentiel de l’expérience collective et de l’ingéniosité populaire dans la création d’une icône de la culture française.