Comment Phileas Fogg a-t-il sauvé Aouda ?

Le Courage discret de Phileas Fogg : Plus qu’un pari, une libération

L’histoire de Phileas Fogg, gentleman anglais obsédé par le chronomètre, est souvent réduite à un pari audacieux : faire le tour du monde en 80 jours. Or, au-delà du défi temporel et de la course effrénée contre la montre, se niche une facette moins souvent mise en lumière : le courage discret et efficace dont fait preuve Fogg pour sauver Aouda d’une situation terrible. Si la force brute n’est pas son arme privilégiée, son ingéniosité, son aplomb et sa détermination s’avèrent bien plus efficaces.

Le récit ne détaille pas de combats spectaculaires ni d’affrontements physiques. L’intervention de Fogg et Passepartout pour libérer Aouda de son mariage forcé à la veuve d’un riche rajah indien se déroule avec une subtilité qui souligne la finesse du personnage. Il n’y a pas de combats à mains nues, ni de fusillades retentissantes. La puissance de Fogg réside dans son autorité naturelle, amplifiée par la présence imposante de Passepartout, et dans son habileté à exploiter les failles du système.

Contrairement à l’image d’un sauveur musclé et téméraire, Fogg utilise une stratégie fondée sur l’intimidation subtile, voire l’intimidation par l’absurde. Face aux prêtres, figures d’autorité dans le contexte indien, il ne les attaque pas frontalement. L’argument de force n’est pas pertinent. Il est probable qu’il ait employé un mélange de fermeté diplomatique et de menace implicite, appuyé par la présence de Passepartout, dont la stature physique imposante et la loyauté sans faille suffisent à dissuader toute opposition physique.

On peut imaginer un dialogue où le calme et l’assurance de Fogg contrastent avec le désarroi des prêtres. Sa connaissance des coutumes locales, même si imparfaite, et son assurance de pouvoir faire valoir ses droits (et ceux d’Aouda, bien sûr), auraient certainement joué un rôle crucial. Il a probablement habilement fait appel à des arguments juridiques ou à des menaces subtiles, mais concrètes, liées à l’influence et au statut de l’Angleterre. L’image même de ce gentleman anglais, symbole d’une puissance coloniale à l’apogée de son influence, suffisait à intimider.

Le sauvetage d’Aouda est donc moins une scène d’action qu’un moment où le caractère de Phileas Fogg s’exprime pleinement. Il ne s’agit pas d’une simple intervention héroïque, mais d’une action réfléchie et pragmatique, où le courage se manifeste par une maîtrise de soi et une capacité à désamorcer une situation explosive sans recourir à la violence. C’est cet aspect subtil et moins glorifié de son personnage qui rend l’action encore plus impressionnante, et qui permet de comprendre le véritable impact de son intervention. Le pari autour du monde devient ainsi un prétexte pour une histoire d’humanité, où le sauvetage d’une jeune femme innocentée incarne la véritable victoire de Phileas Fogg.