Quel est le portrait moral de Phileas Fogg ?
Passepartout perçoit dabord Phileas Fogg comme un homme dune rigueur extrême, quasi-mécanique, un modèle de ponctualité. Il le compare à un chronomètre tant sa vie est réglée. Au fil de leur périple, Passepartout approfondit sa connaissance de Fogg, découvrant les nuances dun personnage dont lâge est estimé autour de la quarantaine.
Le paradoxe moral de Phileas Fogg : entre rigueur impitoyable et générosité inattendue
Phileas Fogg, gentleman anglais du XIXe siècle, héros du célèbre roman de Jules Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, n’est pas un personnage facile à cerner. Son portrait moral se révèle complexe, voire paradoxal, oscillant entre une rigueur extrême, parfois perçue comme de l’insensibilité, et une générosité inattendue qui ne se manifeste que par petites touches, souvent implicitement.
Initialement, Passepartout, son valet, le décrit comme une machine à vivre, un être régi par l’horloge, un homme dont la ponctualité frôle l’obsession. Cette impression, renforcée par le comportement apparemment froid et distant de Fogg, est compréhensible. Son existence semble cadrée, mécanisée, dépourvue d’émotions apparentes. Cette rigueur est le reflet d’une discipline de fer, une auto-contrainte qui lui permet de réaliser son audacieux pari. On pourrait y voir une forme d’ascétisme, une volonté de maîtriser le temps et le monde qui l’entoure.
Cependant, cette première impression se nuance au fil du voyage. Si Fogg ne manifeste pas d’émotions de façon ostensible, son engagement envers Passepartout dépasse largement le cadre d’une relation employeur-employé. Il intervient à plusieurs reprises, souvent silencieusement, pour protéger son valet des dangers et des aléas du périple. Son intervention lors de l’arrestation de Passepartout en Inde, son aide discrète mais efficace face aux difficultés rencontrées, témoignent d’une loyauté et d’une solidarité qui contredisent l’image initiale d’un homme froid et insensible.
La générosité de Fogg n’est pas philanthropique, elle n’est pas ostentatoire. Elle est plutôt une conséquence implicite de sa rigueur morale. Il agit avec une logique implacable, mais cette logique intègre aussi un profond sens du devoir et une certaine forme de justice implicite. Son aide financière à Aouda, sa détermination à la protéger, relèvent moins d’un sentimentalisme romantique que d’une conception du droit et de la bienséance qui le pousse à agir.
En définitive, le portrait moral de Phileas Fogg est celui d’un homme paradoxal. Sa rigueur, sa ponctualité quasi-obsessionnelle peuvent être interprétées comme des manifestations d’un contrôle de soi extrême, voire d’une certaine froideur. Néanmoins, ses actions, bien que discrètes et souvent implicites, révèlent une profondeur morale inattendue, une forme de générosité et de justice qui transcende sa personnalité apparemment distante. Il n’est pas un héros flamboyant, mais un héros de la constance et de la détermination, dont la vertu réside dans la cohérence même de sa rigueur. Et c’est peut-être dans ce paradoxe que réside la véritable fascination qu’il exerce sur le lecteur.
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