Quel est le féminin du mot garçon ?

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Le mot garçonne est le féminin de garçon. Apparu à la fin du XIXe siècle, il sest popularisé dans les années 1920, désignant alors une mode et un style de vie promouvant lémancipation féminine et légalité des sexes.
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Garçonne : Plus qu’un simple féminin de garçon

Le mot “garçon” a un féminin : “garçonne”. Simple, n’est-ce pas ? Pourtant, derrière cette apparente simplicité se cache une histoire riche et complexe, étroitement liée à l’évolution des mœurs et des luttes féministes. Dire simplement que “garçonne” est le féminin de “garçon” est une simplification réductrice, car le mot transcende sa simple fonction grammaticale pour incarner une époque et un mouvement social.

Apparu à la fin du XIXe siècle, le terme “garçonne” ne connut pas une popularisation immédiate. Son ascension fulgurante se situe dans les années 1920, une décennie charnière pour les femmes. Ce n’est pas un hasard si son essor coïncide avec la montée en puissance des mouvements féministes et l’émancipation progressive des femmes. “Garçonne” ne désignait pas seulement le sexe féminin, mais surtout un style de vie, une attitude et une revendication d’égalité.

Les “garçonnes” de cette époque s’affranchissaient des codes vestimentaires traditionnels. Elles adoptaient une coupe de cheveux courte, boyish, symbole de leur refus de la féminité conventionnelle, souvent perçue comme contraignante et superficielle. Leur allure, androgyne et volontairement déstructurée, reflétait un désir d’autonomie et d’indépendance. Elles portaient des vêtements pratiques et moins contraignants que les robes amples et corsetées de leurs aïeules, optant pour des pantalons, des chemisiers et des costumes inspirés de la garde-robe masculine.

Mais le phénomène “garçonne” dépassait l’aspect vestimentaire. Il impliquait une nouvelle façon de penser et d’agir. Ces femmes s’engageaient dans la vie publique, occupaient des emplois jusque-là réservés aux hommes et revendiquaient leur droit à l’éducation et à l’indépendance financière. Elles fumaient, conduisaient des voitures, fréquentaient des cafés et des lieux publics sans l’accompagnement d’un homme, brisant ainsi les tabous sociaux et les conventions morales de l’époque.

L’image de la “garçonne” a, par la suite, été diversement interprétée et parfois déformée. Le terme a pu être utilisé avec condescendance ou ironie, voire péjorativement, pour stigmatiser les femmes qui s’émancipaient. Cependant, il reste un témoignage précieux d’une période charnière de l’histoire des femmes, un symbole fort de la lutte pour l’égalité des sexes et un rappel que le mot “garçonne” représente bien plus qu’une simple opposition grammaticale au mot “garçon”. Il représente un héritage féministe puissant et une étape fondamentale dans l’évolution des mentalités.