Pourquoi grossit-on quand on travaille de nuit ?

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Travailler de nuit perturbe lhorloge biologique, entraînant un sommeil perturbé et des changements hormonaux. Ces déséquilibres favorisent la prise de poids, lobésité et le diabète de type 2.

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Le poids des heures creuses : pourquoi le travail de nuit favorise-t-il la prise de poids ?

Le travail de nuit, synonyme de flexibilité pour certains, peut se révéler un véritable piège pour la santé, notamment pour le poids. Si la corrélation entre travail posté et prise de poids est bien établie, les mécanismes en jeu sont complexes et vont bien au-delà d’une simple question de mauvaises habitudes alimentaires. Le véritable coupable ? La perturbation majeure de notre horloge biologique, le rythme circadien.

Ce rythme interne, régulé par une zone du cerveau appelée le noyau suprachiasmatique, orchestre une multitude de fonctions physiologiques, dont le sommeil, l’appétit et le métabolisme. Travailler de nuit signifie imposer à notre corps un cycle inversé, une véritable agression chronobiologique. Ce décalage a des conséquences directes sur la sécrétion d’hormones clés régulant la balance énergétique.

Le déséquilibre hormonal : un cocktail explosif pour la ligne.

L’une des premières victimes de cette perturbation est la mélatonine, l’hormone du sommeil. Sa production, normalement maximale la nuit, est désynchronisée, entraînant des troubles du sommeil chroniques, caractérisés par une qualité de sommeil altérée et une durée insuffisante. La privation de sommeil, même partielle, a un impact direct sur la leptine et la ghréline, deux hormones régulant l’appétit.

La leptine, dite “hormone de la satiété”, signale au cerveau que l’organisme a suffisamment mangé. Un manque de sommeil diminue sa production, ce qui entraîne une sensation de faim accrue. Inversement, la ghréline, “hormone de la faim”, voit sa production augmentée, accentuant encore ce sentiment de faim insatisfaite. Ce double effet hormonal favorise la suralimentation et, par conséquent, la prise de poids.

Par ailleurs, le travail de nuit impacte la production de cortisol, l’hormone du stress. Les niveaux élevés et chroniques de cortisol, souvent liés au stress lié aux horaires décalés et à la fatigue, contribuent à l’accumulation de graisse abdominale, un facteur de risque majeur pour les maladies métaboliques. L’insuline, hormone essentielle à la régulation du sucre sanguin, est également affectée, augmentant le risque de développer une résistance à l’insuline et, à terme, un diabète de type 2.

Au-delà des hormones : des choix alimentaires influencés.

Enfin, il ne faut pas négliger l’impact du travail de nuit sur les choix alimentaires. La fatigue chronique et le décalage horaire peuvent mener à des choix alimentaires rapides et peu équilibrés, souvent riches en sucres et en graisses saturées, pour compenser le manque d’énergie. La disponibilité limitée de repas sains à des horaires atypiques contribue également à ce phénomène.

En conclusion, la prise de poids liée au travail de nuit n’est pas simplement une question de manque de volonté ou de mauvaises habitudes alimentaires. C’est une conséquence directe d’une perturbation profonde de l’horloge biologique et d’un déséquilibre hormonal complexe. Une meilleure prise en compte de ces mécanismes est essentielle pour mettre en place des stratégies de prévention efficaces, alliant une hygiène de vie adaptée, une gestion du stress et une attention particulière à l’alimentation, pour préserver la santé des travailleurs de nuit.