Pourquoi sommes-nous moins productifs ?

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Les absences et les démissions, en hausse depuis la pandémie, entravent la productivité. Les taux dabsence restent élevés, malgré la vaccination, limitant la capacité de production.

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Le Mystère de la Productivité Déclinante : Au-delà des Absences

La baisse de productivité, un phénomène observé à l’échelle mondiale depuis la pandémie de COVID-19, ne se résume pas simplement à une augmentation des absences et des démissions. Bien que ces facteurs contribuent indéniablement au problème – les taux d’absence, malgré une vaccination généralisée, restent anormalement élevés, impactant directement la capacité de production des entreprises –, d’autres éléments, plus subtils, entrent en jeu et nécessitent une analyse approfondie.

L’explication simpliste consistant à attribuer la baisse de productivité uniquement au manque de personnel est réductrice. Elle occulte les conséquences psychologiques et organisationnelles profondes engendrées par la crise sanitaire. Le travail à distance, initialement salué comme une solution de continuité, a, pour beaucoup, entraîné une confusion des sphères professionnelle et privée, une surcharge cognitive et une difficulté accrue à déconnecter, menant à un épuisement professionnel rampant. Le “burn-out”, autrefois considéré comme un phénomène marginal, est devenu une réalité quotidienne pour une part importante de la population active.

De plus, la pandémie a remis en question les fondements même de notre rapport au travail. Une introspection collective s’est opérée, amenant de nombreux individus à réévaluer leurs priorités et leurs aspirations professionnelles. La “grande démission”, souvent évoquée, n’est pas uniquement une question de salaire ou de conditions de travail, mais également une quête de sens et d’équilibre vie professionnelle/vie personnelle. Ce réexamen profond, bien que bénéfique à long terme pour le bien-être des employés, a un impact immédiat et négatif sur la productivité à court terme.

Par ailleurs, l’incertitude économique et géopolitique ajoute une couche supplémentaire de complexité. L’inflation, la crise énergétique et les tensions internationales contribuent à un climat d’anxiété généralisée qui impacte la concentration et la capacité à prendre des décisions efficaces. L’incertitude future, concernant l’évolution du marché et la stabilité de l’emploi, gêne la prise de risques et freine l’innovation.

Enfin, il ne faut pas négliger le rôle de la transformation numérique, qui, bien que source de progrès, impose une adaptation constante et exige des compétences nouvelles. Le manque d’investissement dans la formation et l’accompagnement des employés face à ces changements technologiques peut également contribuer à une baisse de productivité.

En conclusion, la baisse de productivité est un phénomène multifactoriel complexe, qui ne se limite pas à l’augmentation des absences. Une analyse globale, intégrant les facteurs psychosociaux, économiques et technologiques, est nécessaire pour appréhender le problème dans toute sa dimension et mettre en place des solutions durables et efficaces. Il est temps de dépasser les explications simplistes et d’investir dans une approche plus holistique, centrée sur le bien-être des employés et l’adaptation aux nouveaux défis du monde du travail.