Qu'est-ce qui cause le plus de décès au Brésil ?

Le Chikungunya, une menace croissante au Brésil : au-delà des chiffres alarmants

Le Brésil, vaste et diversifié, fait face à un éventail de défis sanitaires. Si les maladies chroniques et les accidents restent des causes majeures de mortalité, une nouvelle menace se profile avec une acuité particulière en 2024 : le chikungunya. Alors que les données officielles peinent à brosser un tableau complet des causes de décès au pays, l’augmentation exponentielle des décès liés au chikungunya sonne l’alarme.

Le bilan, selon les données de Fiocruz au 14 novembre 2024, est sans équivoque : 201 décès attribués à cette maladie virale, dépassant largement le nombre total de décès enregistrés pour l’année 2023 (122). Ce chiffre, bien que significatif, pourrait ne représenter qu’une partie de la réalité, compte tenu des difficultés de diagnostic et de la déclaration systématique des cas, notamment dans les zones rurales plus isolées. En effet, la distinction entre les symptômes du chikungunya et d’autres maladies virales peut être complexe, conduisant potentiellement à une sous-estimation du nombre réel de décès.

L’inquiétude grandit face à cette progression rapide. Si le chikungunya n’est pas systématiquement mortel, sa capacité à engendrer des complications graves, notamment chez les personnes âgées et celles souffrant de comorbidités, ne doit pas être sous-estimée. Des affections respiratoires, des atteintes neurologiques et des troubles cardiaques peuvent survenir, augmentant le risque de décès.

Pourtant, il serait erroné de réduire la question de la mortalité au Brésil uniquement à l’augmentation des cas de chikungunya. Des facteurs structurels persistent et continuent de contribuer significativement au nombre élevé de décès. Les maladies cardiovasculaires, les cancers et le diabète restent des causes principales de mortalité, exacerbées par des inégalités d’accès aux soins de santé, particulièrement marquées dans les régions défavorisées du pays. La violence, notamment les homicides, représente également un facteur majeur de mortalité, particulièrement chez les jeunes hommes.

L’émergence préoccupante du chikungunya en 2024 souligne la nécessité d’une action urgente et coordonnée. Des campagnes de prévention, axées sur la lutte anti-vectorielle (élimination des moustiques vecteurs), sont cruciales. L’amélioration de l’accès aux soins médicaux, un diagnostic rapide et un traitement adéquat des cas de chikungunya sont également essentiels pour limiter la mortalité liée à cette maladie. Enfin, une analyse approfondie des données de mortalité, tenant compte de l’ensemble des causes, est indispensable pour mettre en place des politiques de santé publique efficaces et ciblées. Seule une approche globale, intégrant la lutte contre les maladies infectieuses émergentes et la résolution des problèmes structurels de santé publique, permettra de réduire significativement la mortalité au Brésil.