Comment différencier les espèces de bacillus ?

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Lhémolyse distingue certaines espèces de Bacillus de B. anthracis, non hémolytique. La mobilité, conférée par des flagelles péritriches, est aussi un critère de différenciation, B. anthracis étant généralement immobile contrairement aux autres espèces, aérobies ou anaérobies facultatives.

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Décrypter la diversité du genre Bacillus : au-delà de l’anthrax

Le genre Bacillus, appartenant à la famille des Bacillaceae, regroupe un vaste ensemble de bactéries Gram-positives, formant des endospores résistantes, une caractéristique majeure de leur survie dans des conditions environnementales difficiles. Si Bacillus anthracis, l’agent responsable de l’anthrax, est largement connu, la diversité du genre est bien plus riche et englobe des espèces aux propriétés métaboliques et pathogènes variées. Identifier précisément une espèce de Bacillus nécessite une approche polyphasique combinant des tests phénotypiques et, de plus en plus, des analyses génétiques. Cet article se concentre sur les méthodes classiques de différenciation, mettant l’accent sur les critères les plus discriminants.

Au-delà de la morphologie bacillaire classique, observable au microscope, la différenciation des espèces de Bacillus repose sur plusieurs tests biochimiques et physiologiques. Parmi les plus importants, on retrouve :

1. L’hémolyse sur gélose sang: Ce test simple, mais crucial, permet de distinguer B. anthracis de nombreuses autres espèces. B. anthracis est généralement non hémolytique, c’est-à-dire qu’il ne provoque pas de lyse des globules rouges sur une gélose enrichie en sang. De nombreuses autres espèces de Bacillus, au contraire, présentent une hémolyse, soit β-hémolyse (hémolyse complète, zone transparente autour de la colonie), soit α-hémolyse (hémolyse partielle, zone verdâtre). Cependant, il est important de noter que cette caractéristique n’est pas absolue et certaines espèces peuvent présenter une variabilité dans leur capacité hémolytique.

2. La mobilité: La mobilité, assurée par la présence de flagelles péritriches (répartis sur toute la surface de la bactérie), constitue un autre critère de distinction. B. anthracis est généralement immobile, contrairement à la plupart des autres espèces de Bacillus qui sont mobiles. Ce caractère peut être observé par la technique de la mobilité en milieu semi-solide (par exemple, gélose de SIM). Une observation microscopique attentive peut également révéler la présence ou l’absence de flagelles.

3. Les tests biochimiques: Un panel de tests biochimiques est nécessaire pour une identification précise. Ces tests évaluent la capacité des bactéries à métaboliser différents substrats (ex: glucose, lactose, saccharose) et à produire des enzymes spécifiques (ex: catalase, oxydase). Des systèmes automatisés permettent d’analyser simultanément de nombreux paramètres, accélérant ainsi le processus d’identification. Des bases de données comme le API 20E ou des équivalents permettent ensuite de comparer les profils biochimiques obtenus à ceux des espèces de Bacillus référencées.

4. La caractérisation de l’endospore: Bien que la formation d’endospores soit une caractéristique commune à la majorité des Bacillus, la morphologie, la localisation et la résistance de l’endospore peuvent fournir des informations supplémentaires pour la différenciation, notamment via des techniques de microscopie spécialisées.

5. Les approches moléculaires: Pour une identification précise et une résolution des cas complexes, les méthodes moléculaires (séquençage de l’ADN 16S rRNA, analyse multilocus de séquences, etc.) représentent l’approche la plus fiable. Elles permettent de surmonter les limites des méthodes phénotypiques et de distinguer des espèces très proches, voire indiscernables par les méthodes classiques.

En conclusion, la différenciation des espèces de Bacillus nécessite une approche multifactorielle combinant observations microscopiques, tests biochimiques et, idéalement, analyses moléculaires. L’hémolyse et la mobilité sont des critères importants pour une première discrimination, notamment par rapport à B. anthracis, mais une identification précise repose sur une analyse plus complète. La complexité du genre Bacillus souligne l’importance de la rigueur et de la collaboration entre les laboratoires pour une identification fiable et une meilleure compréhension de la diversité de ce genre bactérien omniprésent.