Est-ce que la salive nettoie ?

Le rôle méconnu de la salive : bien plus qu’une simple humidification

On la produit en permanence, sans même y penser. Elle nous permet de déglutir, de parler et de goûter. Mais la salive est bien plus qu’un simple lubrifiant : c’est un véritable système de défense immunitaire miniature, un acteur clé dans l’auto-nettoyage de notre bouche, souvent sous-estimé. L’affirmation “la salive nettoie” est donc, à nuancer, mais largement justifiée.

Contrairement à une idée reçue, la salive ne “nettoie” pas au sens d’un nettoyage mécanique comme le ferait une brosse à dents. Elle n’a pas la force de retirer physiquement les résidus alimentaires importants. Cependant, son action est essentielle pour prévenir l’accumulation de plaque dentaire et limiter la prolifération bactérienne. Son action “nettoyante” est avant tout chimique et immunologique.

Plusieurs mécanismes entrent en jeu :

• Action antibactérienne : La salive contient un cocktail d’éléments aux propriétés antimicrobiennes. Parmi eux, le lysozyme, une enzyme qui détruit les parois cellulaires des bactéries, et les immunoglobulines (anticorps), qui neutralisent spécifiquement certains agents pathogènes. Ces composants contribuent à limiter la croissance des colonies bactériennes, empêchant la formation de la plaque dentaire, responsable de la carie et des maladies parodontales. La concentration et l’efficacité de ces agents varient d’une personne à l’autre et peuvent être influencées par des facteurs comme l’alimentation et l’hygiène bucco-dentaire.

• Action tampon : La salive maintient un pH salivaire optimal, neutralisant les acides produits par les bactéries après la consommation de sucres. Ce contrôle du pH est crucial pour empêcher la déminéralisation de l’émail dentaire, première étape de la formation des caries. Un pH salivaire trop acide favorise, au contraire, l’attaque de l’émail.

• Action mécanique limitée : La salive, par sa viscosité et son action de lavage, contribue à éliminer mécaniquement une partie des débris alimentaires. Cependant, cette action est insuffisante à elle seule pour garantir une hygiène bucco-dentaire optimale. Elle facilite le glissement des aliments, limitant ainsi leur adhérence aux dents.

En conclusion, bien que la salive ne puisse se substituer au brossage régulier des dents et à l’utilisation du fil dentaire, elle joue un rôle fondamental dans le maintien de la santé bucco-dentaire. Son action antibactérienne et tampon contribue activement à la prévention des caries et des maladies gingivales. Il est donc primordial de préserver une production salivaire optimale, en s’hydratant suffisamment et en adoptant une alimentation équilibrée. Considérer la salive comme un simple lubrifiant est une simplification excessive : c’est un acteur majeur, mais non suffisant, dans le processus naturel d’auto-nettoyage de la bouche.