Quel type de groupe forment les reptiles ?

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Les reptiles, partageant écailles et corps souvent allongé, constituent un groupe paraphylétique. Leur incapacité à réguler leur température interne est une caractéristique commune, mais insuffisante pour former un groupe monophylétique.

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Les reptiles : un assemblage trompeur, l’histoire d’un groupe paraphylétique

Quand on évoque les reptiles, l’image de créatures écailleuses, rampant au soleil, nous vient spontanément à l’esprit. Serpents, lézards, crocodiles, tortues… Des animaux apparemment unis par des caractéristiques communes, au point de les rassembler sous une même étiquette. Pourtant, d’un point de vue phylogénétique, le terme “reptile” désigne un groupe paraphylétique, une classification trompeuse qui masque une réalité évolutive plus complexe.

L’idée d’un groupe paraphylétique est fondamentale pour comprendre la classification des reptiles. Un groupe monophylétique inclut un ancêtre commun et tous ses descendants. À l’inverse, un groupe paraphylétique inclut un ancêtre commun et certains de ses descendants, mais en exclut d’autres, souvent sur la base de l’absence de caractères dérivés. Dans le cas des reptiles, le groupe exclut les oiseaux, pourtant descendants directs d’un ancêtre reptilien. Imaginons un arbre généalogique : les reptiles seraient comme une branche dont on aurait coupé la partie représentant les oiseaux, créant ainsi une image incomplète de la lignée.

L’ectothermie, c’est-à-dire l’incapacité à réguler sa température corporelle interne et la dépendance à des sources de chaleur externes (comme le soleil), est souvent citée comme caractéristique des reptiles. Cependant, cette caractéristique est ancestrale et partagée avec d’autres groupes, et ne suffit pas à définir un groupe monophylétique. Les oiseaux, endothermes (capables de réguler leur température interne), ont évolué à partir de reptiles ectothermes, démontrant que cette caractéristique n’est pas un critère de classification fiable pour former un groupe naturel. De plus, certains reptiles montrent des signes de thermorégulation partielle, complexifiant encore la situation.

Les écailles, autre trait souvent associé aux reptiles, représentent une adaptation évolutive efficace contre la dessiccation et les prédateurs. Néanmoins, la structure et la composition des écailles diffèrent entre les différents groupes de reptiles, et des structures analogues existent chez d’autres animaux non apparentés. Ainsi, les écailles, bien que pertinentes pour comprendre l’adaptation des reptiles à leur environnement, ne constituent pas un argument suffisant pour les regrouper dans un ensemble monophylétique.

Alors, comment classer ces animaux si le terme “reptile” est trompeur ? La classification phylogénétique moderne privilégie les groupes monophylétiques, reflétant les relations évolutives réelles. Ainsi, on parlera plutôt de sauropsides, un clade qui englobe tous les reptiles et les oiseaux. En comprenant que les reptiles forment un groupe paraphylétique, on appréhende mieux la complexité de l’évolution et on évite les simplifications trompeuses. L’image traditionnelle du reptile est à reconsidérer, pour laisser place à une compréhension plus nuancée et plus juste de la diversité du vivant.