Quelle plante teint en bleu ?

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Lindigo, pigment bleu-violet textile, provient de plantes comme le pastel des teinturiers ( *Isatis tinctoria* ), cultivé depuis lantiquité. Ces plantes contiennent de lindican, précurseur de lindigo, et non lindigotine.
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Le bleu végétal : au-delà de l’indigotier, l’histoire méconnue du pastel

L’indigo, ce pigment bleu-violet profond, évoque immédiatement l’indigotier (Indigofera tinctoria) et les teintures textiles millénaires. Pourtant, l’histoire de la teinture bleue végétale est plus riche et complexe qu’il n’y paraît. Si l’indigotier règne en maître dans l’imaginaire collectif, une autre plante, plus discrète, a longtemps fourni une teinture bleue intense en Europe : le pastel des teinturiers (Isatis tinctoria).

Contrairement à une idée reçue, ni le pastel, ni l’indigotier ne contiennent directement le pigment bleu indigo que l’on retrouve sur les tissus. Leur couleur provient d’un précurseur incolore : l’indican. Cette molécule, présente dans les feuilles de ces plantes, se transforme en indigotine, la forme bleue du pigment, grâce à un processus de fermentation et d’oxydation. C’est donc une alchimie végétale subtile qui opère, nécessitant un savoir-faire ancestral pour extraire et fixer la couleur.

Le pastel des teinturiers, également appelé guède, a connu son heure de gloire en Europe, notamment en France et en Angleterre, du Moyen Âge à la Renaissance. La culture du pastel, véritable “or bleu”, a façonné des paysages et des économies régionales, laissant derrière elle un patrimoine architectural et culturel encore visible aujourd’hui. Des “coques”, bâtiments spécifiques dédiés à la transformation du pastel, témoignent de cette activité florissante.

L’arrivée de l’indigotier, importé des colonies, a progressivement supplanté le pastel. L’indigotier offrait un rendement en indigotine plus important et un coût de production moindre. Le pastel, plus complexe à traiter, a alors été relégué au second plan, tombant presque dans l’oubli.

Aujourd’hui, un regain d’intérêt pour les teintures naturelles et les savoir-faire traditionnels permet de redécouvrir le pastel des teinturiers. Des passionnés et des artisans relancent sa culture et l’utilisent pour créer des teintures aux nuances bleues uniques, perpétuant ainsi un héritage précieux et contribuant à une mode plus durable et respectueuse de l’environnement. Loin d’être une simple anecdote historique, le pastel des teinturiers représente une alternative intéressante à l’indigotier, offrant une palette de bleus subtils et une histoire fascinante à raconter.